Vue dans Paris, L'Arnacoeur ou encore Sous les jupes des filles, Julie Ferrier est aujourd'hui à l'affiche de Père fils thérapie, une comédie d'Emile Gaudreault où un père et son fils se lancent dans un stage de réconciliation, Aventures Père Fils, dans les gorges du Verdon où ils devront tenter un ultime rapprochement. À l'écran, l'actrice âgée de 45 ans incarne Gilberte, une Belge expatriée, "psychologue déterminée et autoritaire", qui est à la tête de ce stage.
Pendant une semaine, elle va diriger cinq couples père-fils et les mettre physiquement en scène pour que rejaillissent leurs frustrations. "Elle peut avoir l'air ridicule, mais c'est le propre de la comédie, à l'image du cri primal qu'elle leur fait pousser", nous dit-elle. Au micro de Purepeople, la comédienne née à Courbevoie, en banlieue parisienne, nous raconte comment s'est déroulé le tournage, avec une seule femme au milieu d'hommes.
"Je n'ai jamais senti de manque de respect, qu'ils profitent du fait que je sois la seule femme au milieu de dix hommes. C'était pas forcément facile parce qu'ils font beaucoup de blagues d'hommes, potaches, mais j'ai l'habitude avec mes cousins et je ne suis pas quelqu'un qui me vexe pour un rien. Mais il fallait cette force-là, et elle a servi le personnage", nous avoue celle qui a notamment partagé l'affiche avec Jacques Gamblin et Richard Berry, les deux expérimentés de la troupe.
J'ai un rapport très fusionnel avec ma mère
Très vite, la discussion vire sur le plan personnel. Quelle est sa relation avec ses parents et notamment sa mère – puisqu'il est question de relation entre parent et enfant du même sexe à l'écran ? A-t-elle déjà suivi une thérapie avec cette dernière ? "Je n'ai jamais pensé à ce genre de thérapie avec l'un de mes deux parents, mais une thérapie oui, nous dit-elle. Seule, j'ai déjà suivi une thérapie - de couple, avec un amoureux." Et de rajouter : "Mais avec ma mère, on y pense, notamment pour améliorer notre rapport au vieillir mieux ensemble. Avec mon père, je ne pense pas qu'on en fera."
Sa mère, il en sera largement question, et pour cause. Dépeignant une relation puissante avec sa maman, elle déclare : "J'ai un rapport très fusionnel avec ma mère, qui était aussi une artiste [elle a été notamment mannequin et comédienne, NDLR]. Il faut se protéger de cela tout en l'entretenant, même si je ne suis pas sûre que la fusion soit quelque chose de si positif que cela ou en tout cas si facile à gérer. On voit dans le film que dans des rapports père-fils, ça pousse à la folie."
À l'instar de sa mère et elle, "chez les Ferrier, 50% sont des artistes". Cela tombe à merveille pour Julie Ferrier, une pluri-disciplinaire qui touche à tout. "Mon 'premier métier', ça a été la danse pendant 15 ans", avoue cette actrice qui a aussi fait de la danse contemporaine, jusqu'au chant et en passant par le mannequinat. Ce qui lui fera dire : "Vincent Elbaz m'appelle l'Américaine", référence aux capacités des artistes américains à maîtriser parfaitement plusieurs arts.
J'avais le choix entre le mannequinat ou danser au Moulin-Rouge. Le mannequinat, c'était de l'argent
Cette réussite, fruit d'une certaine liberté, elle la doit essentiellement à sa maman. "Ma mère a été le dénominateur. Si à 15 ans, lorsque je lui ai dit 'je veux devenir danseuse professionnelle', elle ne m'avait pas dit 'oh oui ma chérie c'est formidable', je ne sais pas ce que j'aurais fait. Mais quand on est porté dans une famille, c'est beaucoup plus simple. J'ai des amis pour lesquels c'était plutôt à entendre la fameuse phrase, 'passe ton bac d'abord'", assure-t-elle, avant de surenchérir sur fond de conseil : "Quand un enfant témoigne à ses parents une envie d'être artiste, il faut au contraire l'encourager."
Après la danse, Julie Ferrier se tourne vers le mannequinat. Elle est grande, belle et a quelques mensurations idéales. Mais elle ne s'en cache pas, ce ne furent pas les meilleures expériences de sa carrière. "J'avais le choix entre le mannequinat ou danser au Moulin-Rouge. Le mannequinat, c'était de l'argent facile même si c'est un monde très étrange, avoue-t-elle sans langue de bois. Mais je préférais faire les ballets Redha de Drucker plutôt que le Salon du prêt-à-porter à la Porte de Versailles." Julie posera donc pour le cachet, mais continuera de danser en parallèle, avant de se tourner vers la danse contemporaine et la comédie musicale, ce qui l'amènera au théâtre subventionné (elle se fait remarquer avec ses sketchs notamment) et enfin au cinéma. "J'avais déjà 30 ans passés lorsque j'ai commencé au cinéma", nous glisse celle pour qui le plus beau cadeau que lui a fait sa mère a été d'accepter et de soutenir toutes ses envies artistiques.