Elle a commencé 2012 en chantant Paris (Ça se traverse et c'est beau..., son dernier album paru en janvier 2012, est un hommage à Paris), voilà que Paris, à son tour, chante ses louanges : Juliette Gréco recevait ce jeudi 12 avril la médaille Grand Vermeil de la Ville de Paris, plus haute distinction que la capitale ait à accorder à ses serviteurs et amis.
Particulièrement exalté, heureux d'avoir le privilège de l'honorer de la sorte, le maire PS de Paris Bertrand Delanoë n'ignore évidemment pas la riche et intense histoire qui lie sa ville et la chanteuse de 85 ans, native de Montpellier mais adoptée par la capitale. "Je ne suis pas née à Paris, j'ai vu le jour à Montpellier. Mais j'ai été mise au monde ici", a d'ailleurs reconnu l'intéressée.
"Il était temps que sa ville lui dise merci. Juliette Gréco, c'est la Parisienne. La Parisienne d'aujourd'hui et la Parisienne qui incarne le temps de Paris qui ne passe jamais", a ainsi souligné Bertrand Delanoë. L'AFP rapporte que monsieur le maire a également profité de cette rencontre dans les salons de l'Hôtel de Ville pour "glisser une note personnelle, racontant que la chanteuse lui avait donné "confiance" lorsque, sans le connaître, elle était intervenue lors de son premier meeting électoral dans la capitale en 2001."
Très émue, Juliette Gréco a accepté cet honneur devant un cercle de proches, dont, naturellement, son compagnon Gérard Jouannest, qui est aussi son fidèle collaborateur depuis quarante ans, mais aussi sa soeur Charlotte Aillaud et sa fille Laurence-Marie (née en 1954 du mariage de Juliette Gréco avec le défunt acteur Philippe Lemaire). Jean-Claude Carrière était là, lui qui signa au côté d'autres grands auteurs un des textes de l'album Ça se traverse et c'est beau, que la Gréco donna sur la scène du Châtelet en février. Déjà honorée cette année par un documentaire - Juliette Gréco, l'insoumise - diffusé en février lors d'une "théma" d'Arte - Juliette, la Gréco -, l'artiste, couronnée en 2009 de la médaille d'or de la sacem pour ses 60 ans de carrière, ne manque décidément pas de reconnaissance.
Même l'actrice Hélène Duc, 95 ans, qui fut son professeur de français à Bergerac et une amie de sa mère, était présente : c'est elle qui a recueilli durant la Seconde Guerre mondiale, en 1942, la jeune Juliette Gréco lorsque celle-ci quitta la prison de Fresnes où elle avait été détenue par la Gestapo (sa mère, entrée dans la Résistance, avait été déportée à Ravensbrück avec Charlotte, soeur de Juliette, dont elles revinrent en 1945) et qu'elle se retrouva seule et sans-le-sou. Reconnue depuis Juste parmi les nations pour ses actions salvatrices envers des Juifs et faite officier de la Légion d'honneur, Hélène Duc, qui incita Juliette Gréco à suivre plus tard des cours d'art dramatique, la logea dans le quartier Saint-Sulpice, où la Gréco était idéalement située pour sentir les palpitations intellectuelles et artistiques de Saint-Germain.
De belles retrouvailles pour un grand moment.