Elle aura été sa muse dans le premier et le dernier long métrage de Solveig Anspach. Karin Viard, 49 ans, a rendu au hommage à la cinéaste franco-islandaise morte vendredi 7 août des suites d'un cancer.
Leur histoire a débuté en 2000. Anspach, ex-pensionnaire de la Fémis, vient de se distinguer dans divers courts et moyens métrages lorsqu'elle se lance enfin dans l'aventure d'un long métrage on ne peut plus personnel. "On a fait ensemble son premier film de fiction, Haut les coeurs !, sur le cancer [du sein, NDLR] dont elle souffrait. Elle a écrit le premier jet du scénario en chambre stérile et elle m'a proposé le rôle. Au départ, cela m'a fait peur, j'ai hésité, mais mon agent m'a dit qu'un rôle comme ça ne se refusait pas, explique Karin Viard à Libération. Alors j'ai accepté, à condition que je me l'approprie."
Le film est un succès en salles, et permet à Karin Viard de remporter la première récompense majeure de sa carrière : le César de la meilleure actrice. Les deux femmes se retrouveront 13 ans plus, pour Lulu femme nue. "Son cancer était en récidive après dix-sept ans de rémission", confie la comédienne qui affirme assure n'avoir jamais perdu de vue la réalisatrice. Elle raconte son expérience : "Je lui ai dit, 'toi, plus qu'aucune autre, tu connais le prix de la vie, faisons de ce film une vraie quête existentielle'. Elle était d'accord."
Admirative du style de Solveig Anspach, Karin Viard évoque une femme "très douce et tenace" qui "n'imposait jamais rien par la force mais obtenait toujours ce qu'elle voulait". Selon la comédienne, Anspach "était humaine et ouverte" mais "détestait les gens qui étaient dans la norme", leur préférant les fantaisistes. De quoi expliquer la carrière éclectique de cette cinéaste de 54 ans.
Preuve d'une réelle amitié, Karin Viard raconte également avoir la réalisatrice "trois jours avant sa mort". "Elle a vraiment regardé la mort en face, c'était impressionnant. En même temps, jusqu'à ce qu'elle meure, elle était vivante."