Si Eva Mendes représente l'éclat de la star hollywoodienne, emmurée dans l'indifférence la plus totale derrière un corps de déesse, Kylie Minogue est l'une des plus belles et douloureuses apparitions du fantasmagorique Holy Motors de Leos Carax.
Percutée au détour d'une rue dans le centre de Paris, ce fantôme sous forme d'hôtesse de l'air meurtrie illumine l'insaisissable épopée d'un homme-orchestre, ballotté de rôle en rôle au court d'une nuit sans queue ni tête. Cheveux courts et regard esseulé, Kylie Minogue arpente les vestiges de la Samaritaine pour le plus beau rôle de sa courte carrière au cinéma. Elle avoue au Parisien : "J'ai fait le film sans prendre le moindre cachet car le budget était serré. Je ne suis pas comédienne et, au départ, j'avais un peu peur. Leos Carax a été courageux de m'engager."
Un temps prévu pour Juliette Binoche, muse du cinéaste dans Mauvais sang (1986) et Les Amants du Pont-Neuf (1991), ce petit rôle d'hôtesse de l'air a finalement atterri entre les mains de Kylie Minogue, via des amis communs : "Ils avaient déjà prononcé mon nom devant Leos Carax pour un autre projet qui n'a pas abouti. C'est Claire Denis qui lui a suggéré de me faire jouer dans Holy Motors ce rôle d'hôtesse de l'air qui évoque plus ou moins Jean Seberg dans À bout de souffle."
Néanmoins, la chanteuse de 44 ans a failli être dissuadée d'accepter cette collaboration avec un cinéaste réputé difficile : "On m'a prévenue que cela risquait de mal se passer. On m'a poussée à dire non. Mais en déjeunant avec lui, j'ai trouvé que Leos était un vrai artiste. Un homme obscur, mystérieux, compliqué et romantique. Il fumait beaucoup. De moi, il m'a dit ne connaître qu'une chanson, un duo avec Nick Cave, Where the Wild Roses Grow. C'était touchant de savoir qu'il aimait ce ballet mortuaire... Je rêvais qu'un cinéaste me le dise un jour." Belle coïncidence puisque Holy Motors est un rêve unique, destiné à hanter la mémoire des cinéphiles.
Holy Motors, actuellement en salles.