Le sujet brûlant de l'Eglise et les scandales de pédophilie est le coeur de la nouvelle réalisation de François Ozon, Grâce à dieu. Son long métrage est présenté au festival du film de Berlin mais sa sortie nationale en France, prévue le 20 février, est désormais compromise en raison de deux procédures judiciaires.
L'un des avocats du père Preynat a déposé vendredi 8 février une assignation en référé pour obtenir un report de la sortie de son film en France, prévue le 20 février, indique l'AFP. Cette assignation, qui menace la sortie du film, est intervenue au lendemain de la mise en demeure du cinéaste par Régine Maire, ancienne membre du diocèse de Lyon jugée aux côtés du cardinal Barbarin, pour qu'il retire son nom du film, précise l'agence de presse.
Le père Bernard Preynat, c'est l'homme d'église qui est visé par des hommes victimes présumées et qui se sont regroupées pour fonder l'association La Parole libérée avec deux objectifs : dénoncer les actes qu'ils auraient subis, mais également le silence et l'inaction de l'Eglise, et notamment du cardinal Barbarin, archevêque de Lyon. Un combat qui est raconté dans le film de François Ozon. Cependant, l'avocat du père Preynat, mis en examen pour agressions sexuelles depuis janvier 2016, estime que le film porte atteinte à la présomption d'innocence de son client et réclame donc son report après le procès prévu pour la fin d'année. "L'assignation en référé qu'elle a déposée devant le tribunal de grande instance de Paris donnera lieu à une audience de plaidoirie le 15 février, au terme de laquelle le juge tranchera," écrit Le Parisien.
Deuxième obstacle à la sortie de Grâce à dieu, la procédure de Régine Maire, ancienne collaboratrice du cardinal Barbarin et qui sera jugée à ses côtés le 29 janvier avec cinq autres personnes pour non-dénonciation d'agressions sexuelles pédophiles. Le jugement est attendu le 7 mars. Elle a mis en demeure François Ozon pour qu'il n'utilise pas son nom dans son film. Pour écrire son film qui se base sur des faits réels, il s'est en effet appuyé sur des mails de la collaboratrice de Barbarin.
"Quand on essaie de briser un silence, il y a toujours des résistances."
François Ozon savait que ce film entraînerait des polémiques et s'il n'a pas réagi directement pour le moment contre ces attaques, le réalisateur de Huit femmes avait déclaré à l'AFP que son film ne "révèle" rien qui n'ait été dit lors des audiences et été largement repris dans la presse.
"Mon film ne se place pas sur un aspect judiciaire, il se place sur l'aspect humain et sur la souffrance des victimes," a indiqué à l'AFP le prolifique réalisateur de Swimming Pool, qui a décidé de se plonger dans ce sujet alors qu'il "cherchait un sujet sur le thème de la fragilité masculine". "Quand on essaie de briser un silence, il y a toujours des résistances," commente le cinéaste, précisant cependant qu'"il n'y a pas de découvertes pour les gens qui connaissent l'affaire" dans le film. Denis Ménochet, Melvil Poupaud, Swann Arlaud, Hélène Vincent et Josiane Balasko font partie de la distribution de ce long métrage qui pourrait faire du bruit, à l'image de Spotlight aux États-Unis.