Canal + continue d'avoir envie de faire grimper ses audiences, par tous les moyens. Pour sa seconde saison, la série Hard, succès en 2008, revient en prime-time et toujours interdite aux moins de 16 ans. Avec, en transparence, l'espoir d'attirer un maximum de téléspectateurs majeurs et vaccinés. Après Xanadu, qui abordait sur Arte le monde du porno avec gravité et noirceur, quel peut-être l'atout de Hard ? Que vaut réellement cette série créée par Bruno Gaccio et réalisée par Cathy Verney, qui se donne pour ambition de visiter avec légèreté les profondeurs du monde pornographique ?
Dès sa première saison (en seconde partie de soirée), la série nous plongeait dans l'univers du X sous un angle comique : une femme (Natacha Lindinger) découvre à la mort de son mari que ce dernier dirigeait un empire pornographique. Malgré son esprit de bourgeoise coincée, elle en prend les rênes. Drôle, incongrue, la série réussit à faire mouche, en dépit des traits grossiers qu'elle confère tant au monde des hardeurs qu'à celui des bourgeois.
"On a reproché à Hard de parler du porno de façon joyeuse et d'occulter les aspects glauques, comme le fait Xanadu. Bien sûr que le porno n'est pas un univers tout rose. C'est juste que la série a choisi d'aborder le sujet de façon drôle et décomplexée", revendique François Vincentelli, alias Roy Lapoutre, sur Metro.fr. Le graveleux, la série l'évite au maximum. Les fesses, les seins sont montrés avec un certain plaisir, mais rien d'autre ne dépasse. François Vincentelli assure même avoir enfilé une chaussette sur son sexe durant toutes ses scènes de nu. Ah ! Comme l'univers du porno est romantique !
La France jouit d'un conservatisme bien moins fort qu'aux Etats-Unis. Pourtant la série ne franchit jamais (vraiment) la ligne imaginaire tracée par des séries US comme Californication, ou, dans un autre genre plus "écologique", la série Weeds. Malgré les conseils techniques d'une ex-star du milieu, Nina Roberts, la série aboie, mais ne mord pas. Dans Hard, le sexe est surtout abordé avec la langue (sans mauvais jeu de mots), mais sans jamais passer dans le "hard" pur.
L'humour, voilà le vrai fond de commerce des scénaristes ! Mais si la première saison (de six épisodes) jouait sur l'effet de surprise, sur le fantasme et sur une image érotique, la seconde saison, qui compte douze épisodes, devra convaincre de manière durable, en misant sur une intrigue plus construite et sur des personnages autrement mieux travaillés. En fait, le but des créateurs de Hard était de jouer sur le voyeurisme des spectateurs pour les attirer dans l'aventure. En espérant qu'ils en redemandent.
Dans la saison 2, Sophie (Natacha Lindinger) cherche à maintenir sa start-up à flots en améliorant ses services. Elle misera sur les fantasmes de ses congénères. Par ailleurs, son homme, Roy (François Vincentelli), pense à se reconvertir dans le cinéma "traditionnel"...
Cécile de France et Guillaume Galienne apporteront un peu de consistance à un scénario qui vise plus d'épaisseur. Après Pigalle la nuit et Maison Close, on se dit que Canal + va devoir faire mieux que promettre au public du hot à gogo quand elle ne lui offre finalement que du réchauffé...
Réponse ce soir, avec Hard à 20h40 sur Canal +.
Clément Razgallah