"J'ai beaucoup d'empathie pour la souffrance de David et Laura. Elle est bien réelle. Ils ont souffert du manque de leur père. Leur enfance a été compliquée. En même temps, moi, ça ne m'appartient pas. C'était avant que je ne rencontre mon mari et je ne suis pas responsable de tout cela." Dans sa toute première interview depuis la mort de Johnny Hallyday, un entretien fleuve de 13 pages paru dans Le Point ce 12 avril 2018, Laeticia Hallyday s'attarde longuement sur ses rapports avec les aînés du rockeur. Malgré sa blessure, elle serait "prête à pardonner".
Je n'aurais pu imaginer ce qui se passe aujourd'hui
Ce sont même des choses qu'elle dit et répète : "On est une famille" ; "Il aurait fallu qu'ils m'appellent" ; "J'ai donné beaucoup d'amour aux premiers enfants de mon mari". Mais Laeticia Hallyday n'est pas dupe. Elle sait, quelque part, qu'elle paye pour l'absence de Johnny, pour le père qu'il n'a pas su être pour David et Laura. Et malgré la tendresse entre les aînés et leur belle-mère, une tension s'est insidieusement installée : "Ils n'ont pas souhaité fermer le cercueil avec moi. Ils n'ont pas voulu descendre les Champs-Élysées avec moi. Ils ont pris des avocats pour faire passer leurs souhaits pour la célébration. J'ai trouvé ça tellement étrange ! Ils ne voulaient pas d'obsèques nationales (sic). Ils voulaient une cérémonie intime. Je mettais ça sur le besoin de se réapproprier leur père. Mais jamais je n'aurais pu imaginer ce qu'il se passe aujourd'hui."
Ce n'est pas seulement l'assignation – trois juges des référés rendront leur verdict vendredi à 15h –, mais la manière dont les avocats de David Hallyday et Laura Smet mènent le combat. "Je les attends à bras ouverts. On est une famille ! Je ne demande que la paix, mais qu'on respecte la mémoire de mon mari ! Comprenez-moi : je serai, un jour, prête à pardonner. J'ai beaucoup pardonné dans ma vie, mais il faut aussi fixer les limites. On me vole mon deuil. On me roue de coups. On nous assigne mes filles et moi, en précisant bien que nos enfants sont des 'enfants adoptées'. Et l'un de leurs avocats reconnaît même qu'ils font ça exprès, pour me faire craquer. C'est d'une violence ! Surtout que mon mari n'est plus là pour dire sa vérité. Auraient-ils osé faire cela du vivant de leur père ? J'ai donné beaucoup d'amour aux premiers enfants de mon mari. Beaucoup de bienveillance, de compréhension. Et quand ils avaient besoin d'obtenir quelque chose de leur père, ils passaient souvent par moi." Idem lorsque les avocats l'appellent "madame Boudou", un nom qu'elle n'a pas porté depuis plus de vingt ans. Selon elle, Johnny ne supportait pas qu'on appelle Laeticia de la sorte : "Mon mari aurait pu tuer pour cela. Ça le rendait fou qu'on m'appelle par mon nom de jeune fille. (...) Tous les gens qui l'ont fréquenté le savent."
Ils ont fait un choix
Plus précisément, Laeticia évoque la lettre de Laura Smet, diffusée en février, dans laquelle elle regrette de ne même pas avoir une guitare ou un disque dédicacé de son père. La veuve du rockeur renvoie l'actrice dans les cordes. Si la communication a été coupée après la mort de Johnny, c'est d'abord de son fait : "C'est terrible car elle ne l'a jamais dit de son vivant ! Son père aurait adoré qu'elle lui demande une guitare. (...) Il aurait juste fallu que [David et Laura] m'appellent, qu'on règle ça en famille. L'ouverture du testament aurait dû être faite ensemble, mais ils ont refusé de venir. Mon mari avait prévu un certain nombre de choses dont on aurait très bien pu discuter sereinement. À la place, j'ai reçu des courriers avec accusé de réception en France, là où David et Laura savent très bien que nous ne vivons pas. Des lettres d'avocats, très dures, caricaturales, qu'ils n'auraient jamais écrites eux-mêmes. Je n'ai reçu aucun appel, aucun autre signe d'eux. Ils ont fait un choix."
Au final, c'est à se demander si Laeticia Hallyday n'en veut pas plus aux avocats qu'à Laura Smet et David Hallyday. C'est encore suggéré quand elle parle du dernier album de Johnny Hallyday : "Ils essaient de dire qu'il n'est pas terminé. De quel droit ? Chacun sait désormais que Johnny a, de son vivant, approuvé chacune des chansons [un document de Warner Music atteste que dix chansons étaient prêtes à la commercialisation, NDLR]. Il a autorisé leur diffusion par la maison de disques. David et Laura ont écouté la plupart d'entre elles. Après, on peut leur refaire écouter à la maison, en famille, évidemment ! Mais hors caméras et hors avocats !"
Le Point, en kiosques le 12 avril 2018.