Laure Manaudou: "Une maman rayonnante, décontractée, qui a retrouvé sa ligne..."

L'inconnue. Personne ne semble pouvoir se satisfaire du seul fait que Laure Manaudou s'est remise à nager : il faudrait, dès à présent, qu'elle dise si elle ambitionne oui ou non de revenir à la compétition de haut niveau. Mais pourquoi diable le ferait-elle ?

"Une chance sur un million"

Prendre la décision de se retirer des bassins, dès janvier 2009 à l'âge de 22 ans (un retrait qui se convertira en retraite officielle en septembre de la même année, au terme d'un long suspense), a changé sa vie. A plus d'un titre.

Il y a d'abord eu la chute libre, le lâchage massif de sponsors qui avaient pourtant bien capitalisé sur la championne olympique et triple championne du monde, y compris ceux qui "assuraient que c'était la femme qui les intéressait, pas la sportive", se remémore Me didier Poulmaire, qui veille aux intérêts de Laure, dans les pages du magazine Grazia actuellement en kiosques. "Les sunlights se sont arrêtés net (...) Alors, bien sûr, elle s'est sentie abandonnée."

Puis il y a eu l'amour retrouvé, avec Frédérick Bousquet, la maternité, avec la naissance au printemps 2010 de leur petite Manon, et, enfin, un bonheur serein facilité par leur exil en Alabama - un havre de paix états-unien où Manaudou a pu retrouver du plaisir à nager à peu près discrètement (du moins au début).

Le dossier consacré par Grazia à Laure Manaudou n'a pas vocation à donner de réponse sur son avenir sportif - pour Didier Poulmaire, un retour serait une "sacrée revanche" totalement improbable, qu'il estime à "une chance sur un million". Seule l'intéressée la connaît, ou la connaîtra en temps voulu. Mais l'article intitulé Le Come Back ? et sous-titré "Laure Manaudou laisse planer le doute" vaut au moins pour, outre quelques rapprochements bien sentis, la qualité du portrait et le spectre temporel exploré.

"Son humanité est plus puissante que n'importe quelle stratégie marketing"

Déjà, il y a ce portrait de l'ex-adolescente "en cavale", cette athlète privée de jeunesse et qui cherche à tout crin à vivre les émois d'une demoiselle malgré la discipline impitoyable qu'imposent son statut et ses ambitions. Didier Poulmaire se souvient avec amusement des caprices d'une fille qui "n'en faisait qu'à sa tête", tant pour suivre son amoureux de l'époque Lucas Marin que pour se soustraire à la pression et aux obligations (quitte à s'enfuir en courant pour échapper à une conférence de presse de cinq minutes devant quatre-vingts journalistes). Le portrait, aussi, d'une amoureuse prête à tout pour vivre ses passions.

Autre facette, née avec ses succès, celle d'une Pretty Woman convoitée par les plus grands annonceurs. Là encore, Didier Poulmaire fait valoir l'ampleur de la chose : "Avant, elle vivait sous les toits à Melun et ne gagnait que 300 euros par mois. Puis François Pinault lui a ouvert ses boutiques de luxe rien que pour elle, c'était Pretty Woman."

Aujourd'hui, Laure Manaudou est une femme épanouie, qui séduit à nouveau les annonceurs. Et, cette fois, c'est bien parcequ'elle est une femme, non une ex-championne. Après le numéro un de la puériculture Aubert, qui a su s'attacher les services de la jeune maman, c'était Cadum qui invitait Laure à incarner la douceur de ses produits d'hygiène. Avec, notamment, une publicité pour laquelle Laure Manaudou a les mots "Love Cadum" écrits dans la paume de la main. Et Grazia ne manque pas de rappeler que, en d'autres temps, Laure s'était incrusté les mots Love et Amore, à l'intention de Lucas Marin, avant de plonger vers un nouveau sacre. Patrick Bauche, psychanalyste sollicité par Grazia, y voit là la volonté d'affirmer la possession de soi, la propriété de son propre corps : "Je ne suis pas qu'une machine. Regardez, moi aussi j'ai des sentiments, des émotions." Ce sur quoi Didier Poulmaire rebondit avec justesse : "Cette humanité est plus puissante que n'importe quelle stratégie marketing".

Avant/après les Etats-Unis : "Aujourd'hui, elle est une maman rayonnante, décontractée."

L'humanité de Manaudou, justement, a pris le pas sur l'exposition. Première Française à avoir sa Barbie, elle a trouvé son équilibre dans "un trou paumé" du sud des Etats-Unis. A Auburn, ville universitaire de 50 000 habitants sur le campus de laquelle Fred Bousquet s'entraîne à l'année avec Brett Hawke, elle a construit son bonheur. "L'anonymat, la liberté, les grands espaces, "elle adore ça". Elle vit dans une maison américaine typique, sans clôture, à la lisière d'un bois. Ses placards sont remplis de friandises. Elle s'occupe de sa fille, prend des cours d'anglais, regarde la télé, dessine des paysages, l'une des activités favorites de son enfance, promène ses chiens dans la rue, roule en mini Cooper bleue décapotable." Et, désormais, elle nage. Ses proches, ses coaches, en Alabama comme à Marseille, ont une consigne : motus et bouche cousue.

Ce nouveau mode de vie porte ses fruits. Paul Leccia, président du Cercle des Nageurs de Marseille, s'en exalte : "Les Etats-Unis lui font un bien fou. Avant de partir, elle baissait tout le temps les yeux comme un animal apeuré. Aujourd'hui, elle est une maman rayonnante, décontractée. Elle a retrouvé sa ligne sportive, elle est magnifique."