Si l'annonce du retour de Laure Manaudou dans les bassins par l'intéressée elle-même, qui a commencé à retrouver du plaisir et des sensations à nager après avoir pris sa retraite sportive en septembre 2009, a fait l'effet d'une bombe, ne laissant personne indifférent, il en est un qui est, depuis, dans tous ses états. Et de manière très médiatique. Il s'agit de Christian Donzé, le Directeur Technique National !
L'officiel s'était rapidement enthousiasmé à la nouvelle, multipliant les commentaires et s'enflammant instantanément pour la perspective d'une reprise de la compétition. Très tôt, il avait affirmé que les progrès de Laure étaient fulgurants, obligeant le compagnon (y compris en... pub !) de la championne, Frédérick Bousquet, à réagir juste avant sa rentrée aux championnats de France début décembre : "Il est bien informé car il est proche de ses athlètes et prend des nouvelles régulièrement (...) Mais les progrès que Laure fait sont surtout en anglais ! Eux sont vraiment conséquents..."
Pour Laure Manaudou, "les neuf mois à venir seront déterminants" !
N'en déplaise à Fred, Christian Donzé brûle de pouvoir faire miroiter un hypothétique second souffle dans la carrière d'athlète de Laure Manaudou, et c'est depuis les championnats du monde en petit bassin (où Bousquet est en lice), qui se sont ouverts ce 15 décembre à Dubaï, qu'il est revenu à la charge. Evoquant Laure Manaudou, marraine du futur Bébé Cadum 2011 restée à Marseille avec la petite Manon que Fred et elle ont eue en avril dernier, il a ainsi révélé qu'elle s'entraînait avec succès : "Elle commence à faire des séries intéressantes."
Et même s'il tempère en ajoutant "elle s'entraîne, elle prend du plaisir et c'est là l'essentiel", on le sent sur des charbons ardents lorsqu'il remarque : "Ça fait quatre mois qu'elle a repris. Ce sont les mois les plus faciles. Les neuf mois à venir seront déterminants" - on observera que Laure Manaudou a déjà connu neuf mois déterminants dans un passé récent...
D'autant plus que, comme les spécialistes le savent et comme Laure est loin de l'ignorer elle-même, le haut niveau réclame une discipline de fer et un rythme et une intensité d'entraînement éprouvants (pour ne pas dire... inconciliables avec une vie de famille, une des nouvelles dimensions de Laure), sous peine de connaître des désillusions comme celle qu'a connue Yannick Agnel : le jeune champion d'Europe du 400m nage libre, fraîchement titré sur 100m nage libre (en 1'41"96, record de France) aux championnats de France en petit bassin à Chartres, s'est fait sortir du 200m nage libre à Dubaï dès les séries, avec un chrono de 1'43''51 plombé par un départ calamiteux. Son entraîneur, Fabrice Pellerin, évidemment déçu et agacé, a eu des mots cinglants pour cette contre-performance : "C'est un résultat mauvais, et mérité. J'explique cela en termes de niveau. Ce matin, Yannick n'avait pas le niveau mondial. Le niveau français ou européen, c'est bon, mais le niveau mondial est à acquérir. Il reste scotché sur le plot, ce n'est pas un hasard. Il pouvait briguer une médaille, c'est un gâchis."
Parmi les autres Français en lice dès ce premier jour de compétition, le 100m papillon est déjà orphelin de Tricolores ; Dubosc (100m brasse), Stravius et Lacourt (100m dos), et le relais 4x100 composé de Boris Steimetz, Alain Bernard, William Meynard et Frédérick Bousquet poursuivent en revanche leur route.