

"Smicard" parmi les sélectionneurs, selon sa propre vision des choses, "à deux ans de l'ouverture de ses droits à la retraite" selon son avocat, Raymond Domenech fait la guerre à la Fédération Française de Football pour 2,9 millions d'euros, suite à son licenciement pour faute grave en septembre 2010, qu'il conteste (la faute grave invoquée étant son refus de serrer la main du sélectionneur sud-africain Carlos Alberto Parreira, lors du dernier match de l'équipe de France dans le Mondial 2010, et sa mise à pied n'étant survenue que deux mois plus tard, en août).
L'ex-sélectionneur des Bleus et entraîneur salarié de la DTN (Direction Technique National) ne lâchera rien, la Fédération l'a bien compris à l'occasion de l'audience de conciliation qui s'est tenue la semaine dernière et, en fait de conciliation, a plutôt signé l'acte de guerre, comme on pouvait s'y attendre.
Raymond Domenech a finalement accepté d'endosser le chèque de 32 000 euros que lui a adressé la FFF au titre de ses primes pour la période des éliminatoires pour le Mondial 2010, et réclame encore le reste de son dû (106 000 euros) au titre des primes de la Coupe du monde. Ça, et, bien sûr, les quelque 2,9 millions d'euros de réparation au regard de son licenciement jugé abusif (affaire jugé sur le fond par les prud'hommes le 13 janvier 2012).
Des exigences financières qui continuent d'alimenter l'animosité ambiante à l'égard de l'ancien technicien tricolore, près de neuf mois après son éviction et alors qu'il multiplie les reconversions (entraîneur de jeunes, pub, jeu télé...). Du coup, Le Parisien/Aujourd'hui en France s'est plongé dans les comptes de l'intéressé et a établi "la vérité sur son salaire" : "entre 6 et 7 millions d'euros brut, toutes rémunérations confondues" (montant incluant sa prime pour la qualification au Mondial : 826 222 euros) sur toute la durée de son mandat (de 2004 à 2010). Dont tout de même 2,56 millions brut sur la période 2006-2010, vierge de tout grand résultat (morne plaine depuis la finale du Mondial 2006).
L'enquête du quotidien est presque présentée comme une réponse comptable aux propos de Domenech devant la commission diligentée par le gouvernement au lendemain de la piteuse élimination des Bleus, fin juin 2010 : "Je n'accepte pas d'être traîné dans la boue du fait de mes revenus. Mon salaire correspond au smic des sélectionneurs dans le monde ! Une liste a été établie. Personne n'a le droit de m'agresser sur ce point." Pour le coup, il dit vrai, et même Laurent Blanc lui a donné raison en admettant toucher le double de son prédécesseur pour aller au charbon après l'implosion du groupe France. Quant au ténor européen, il se nomme Fabio Cappello et touche 6,4 millions d'euros annuels brut pour entraîner l'Angleterre.
Avec 400 000 euros brut annuels (sur quatorze mois) de salaire en tant que sélectionneur, plus 240 000 euros brut (également sur quatorze mois), le salaire mensuel brut de Raymond Domenech s'élevait à 53 333 euros. "Un joli smic", remarque Le Parisien, qui note aussi que l'intéressé restait salarié de la DTN après son remplacement pour Laurent Blanc au 1er août 2010, moyennant 20 000 euros brut mensuels qu'il aurait continué de percevoir sans rien faire (la DTN ne lui ayant pas trouvé de nouvelle affectation) s'il n'avait pas été licencié.
En réclamant 2,9 millions d'euros à la FFF, soit presque la moitié de ce qu'il a touché en fonctions, Raymond Domenech souhaite-t-il prendre sa revanche sur ses années "sous-payées" (le public, lui, a été "sous-payé" en résultats et en spectacle...) ou simplement saisir l'occasion d'assurer ses vieux jours ?