Très affairé à sa reconversion, qui rime souvent avec provocation, qu'il s'agisse de devenir acteur-bluffeur de première pour un site de poker ou de jouer les coachs pour un nouveau jeu télévisé prônant le respect des valeurs du sport, Raymond Domenech doit encore, pour achever de tourner la page, liquider son sérieux contentieux avec la Fédération Française de Football, qui l'avait mis à pied en août 2010 puis licencié pour faute grave en novembre de la même année.
Un licenciement, fondé notamment sur son refus de serrer la main (un geste consigné dans les protocoles des règlements internationaux) du sélectionneur sud-africain à l'issue du dernier match de la débâcle tricolore en Afrique du Sud, que l'ancien sélectionneur des Bleus conteste devant les prud'hommes, réclamant près de 3 millions d'euros à la FFF - laquelle lui a fait parvenir, l'air de rien, un chèque de 32 000 euros correspondant à la valeur des primes de la qualification pour le Mondial 2010, qu'il n'a pas accepté.
Alors fini le bon temps chez Mickey avec ses enfants Merlin et Victoire : jeudi, les deux parties ont rendez-vous pour une audience de conciliation, avant une probable audience sur le fond en fin d'année.
La pression monte à l'approche de la rencontre, et l'avocat de Raymond Domenech, Me Jean-Yves Connesson, a bien fourbi ses armes, comme on le constate avec l'interview accordée à l'AFP. Extraits :
"La Fédération persiste dans sa politique de désigner M. Domenech comme un bouc émissaire d'un échec collectif, tout en éludant ses propres responsabilités et celles de ses dirigeants (...) La honte, elle n'est pas là où on le croit. La honte, 8 mois après le licenciement de M. Domenech pour faute grave le privant de toute indemnité, c'est que tous les dirigeants de la FFF présents dans le bus à Knysna ou aux alentours sont toujours en place (...) Ce qui est choquant, c'est d'oublier ses propres responsabilités (...) en invoquant des prétextes fallacieux pour mettre fin à un contrat après 17 ans, à deux ans de la prise des droits en retraite de M. Domenech."
"M. Escalettes [en exercice comme président de la FFF au moment des faits, NDLR], et on en apportera la preuve, était parfaitement informé des propos échangés à la mi-temps (entre Anelka et Domenech). Invoquer le contraire est faux."
"M. Escalettes est dans le bus, le vice-président (Duchaussoy, à l'époque) distribue des pin's aux alentours du terrain alors que la plus grave crise frappait l'équipe de France. Qui tient le gouvernail ? Au bout de 45 minutes durant lesquelles les télés du monde entier filment un bus aux rideaux fermés, il faut prendre une décision. M. Domenech (...) lit le communiqué."
[Concernant le refus de Domenech de serrer la main de son homologue] "La Fifa a des règles. Elle ne sanctionne même pas. En revanche, la FFF considère que c'est constitutif d'une faute grave [, qui] rend impossible le maintien du salarié dans ses fonctions. Là, on parle de faits datant des 17, 20 et 22 juin. Et on met à pied le 11 août, deux mois après. On laissera aux conseillers prud'hommaux le soin de juger."
Me Connesson a par ailleurs envoyé une sommation interppellative par huissier à la FFF, pour "obtenir transparence et informations claires sur les primes et droits à l'image de son client". L'avocat raconte : "En septembre 2010, M. Domenech est licencié pour faute grave et reçoit un solde de tout compte. En novembre, M. Duchaussoy, président de la Fédération, sort dans la presse : "J'espère que Raymond Domenech va renoncer à ses primes". Mais le solde de tout compte ne fait pas mention de ces primes. On demande, par écrit, qu'on nous communique les documents juridiques qui en précisent les modalités de calcul et d'attribution (...) On reçoit alors un chèque de 32 000 euros."
La défense de la Fédération réplique en arguant que Raymond Domenech, pour elle, avait renoncé à ses primes. Ce à quoi Me Connesson rétorque que son client a effectivement renoncé à ses primes post-qualification, mais est légitime à réclamer ses primes pour la qualification.
Ambiance, ambiance... Personne n'en sortira grandi, c'est une évidence, mais puisqu'il faut arbitrer...