C'était à prévoir, et l'affaire a vite été entendue : Raymond Domenech et la FFF, qui se retrouvaient ce jeudi matin pour une audience de conciliation prévisiblement houleuse dans le contentieux qui les oppose suite au licenciement de l'ancien sélectionneur des Bleus en novembre 2010, n'ont pas trouvé de terrain d'entente.
L'entrevue a débuté aux environs de 9h, en présence de Raymond Domenech, et, peu après 10h, Me Connesson, son avocat, en faisait connaître l'issue : "pas de conciliation possible."
L'affaire, un clash bien parti pour traîner en longueur, a donc été renvoyée au bureau de jugement des prud'hommes, le 13 janvier 2012.
2,9 millions, c'est 2,9 millions : et c'est la somme pour laquelle l'ancien technicien tricolore, qui avait été mis à pied en août 2010 puis licencié pour faute grave en novembre (pour avoir refusé de serrer la main au sélectionneur sud-africain lors du dernier match des Bleus dans le Mondial 2010, au mois de... juin), continuera de se battre, à deux ans de l'ouverture de ses droits à la retraite, comme l'a fait remarquer cette semaine son avocat - qui n'espérait sans doute pas faire passer son client comme un futur pépé-sans-le-sou, si ?
A noter que cette audience ne concernait que la procédure de licenciement pour faute grave contestée par Domenech, mais pas la question des primes et droits d'image, sujet également abordé lors de la rencontre.
La FFF, le mois dernier, avait adressé à son ancien employé un chèque de 32 000 euros correspondant à la valeur des primes de la qualification pour le Mondial 2010, que son avocat lui avait conseillé d'endosser mais que Raymond Domenech a choisi de ne pas accepter. Un épisode que Me Connesson décryptait mardi, fondant la sommation interpellative qu'il a fait parvenir à la FFF afin "d'obtenir transparence et informations claires sur les primes et droits à l'image de son client", en ces termes : "En septembre 2010, M. Domenech est licencié pour faute grave et reçoit un solde de tout compte. En novembre, M. Duchaussoy, président de la Fédération, sort dans la presse : "J'espère que Raymond Domenech va renoncer à ses primes". Mais le solde de tout compte ne fait pas mention de ces primes. On demande, par écrit, qu'on nous communique les documents juridiques qui en précisent les modalités de calcul et d'attribution (...) On reçoit alors un chèque de 32 000 euros."
Me Angles d'Auriac, l'avocate de la FFF, a noté auprès de l'AFP à ce sujet, dans la droite ligne de la position catégorique de la Fédération jusqu'à maintenant : "Raymond Domenech refuse de renoncer à ses primes [, ce qui est] la confirmation [de son] comportement provocateur." Constatant que, comme "on pouvait s'y attendre, les positions étant très éloignées", l'audience de conciliation n'a pas permis "d'apprendre grand-chose", elle a précisé : "Raymond Domenech avait demandé la condamnation de la FFF pour justifier le calcul des primes, il a été débouté sur ce point par les prud'hommes. Il avait aussi formulé dans la nuit (de mercredi à jeudi) une demande de condamnation de la FFF à lui payer ses primes. Il a été débouté par le tribunal des prud'hommes. Ce qui veut dire qu'il refuse de renoncer à ses primes. On est fixé." Ce qui explique la réaction de Me Connesson au sortir de l'audience, dénonçant une "aberration juridique".
D'ici à l'arbitrage définitif de l'embrouille, Domenech aura largement le temps de profiter de ses diverses reconversions.
Au train où vont les choses, le cauchemar du Mondial 2010 ne risque pas de sitôt d'être relégué au rayon des mauvais souvenirs...