Il y a eu la séparation de corps, lorsque le prince Harry a arrêté de squatter le frigo de William et Kate et a quitté le palais de Kensington pour s'installer au Frogmore Cottage à Windsor avec sa femme Meghan Markle, puis la séparation de "biens", lorsque Cambridge et Sussex ont fait "fondation à part", séparant leurs bureaux, personnels et organes caritatifs respectifs après avoir un temps fait cause commune : entre les deux fils du prince Charles, naguère si proches, la rupture semble consommée. Le cadet des deux vient de le confirmer, avec toutefois quelques nuances, dans Harry & Meghan: An African Journey, un documentaire consacré à son récent voyage officiel en Afrique avec femme et enfant (Archie, 5 mois) et diffusé dimanche 20 octobre 2019 sur la chaîne britannique ITV News.
Bruit de fond quasi permanent et par moments très sonore de l'actualité de la famille royale depuis que la duchesse Meghan de Sussex l'a intégrée, les rumeurs de tensions et d'éloignement entre le prince William et le prince Harry ont écorné l'image de leur belle complicité, jusque-là visible pour le public dans leurs passions communes (la protection de la faune sauvage, le sport...), leur humour redoutable ou encore leur solidarité fraternelle face à la mort tragique de leur mère Diana. Interrogé au sujet de l'état de ses relations avec son frère aîné, le prince Harry a confirmé au journaliste Tom Bradby – un ami depuis une vingtaine d'années – que ce n'était pas tout à fait sans fondement : "Du fait de ce rôle, de ce travail et d'être membre de cette famille, sous une pression intense, il se passe des trucs, inévitablement", commence ainsi par admettre le duc de Sussex, sur le ton de la confidence et dans une ambiance nocturne et paisible qui s'y prête.
Aussitôt, il reprend : "Nous sommes frères, nous serons toujours frères, nous nous trouvons actuellement sur des chemins différents, mais je serai toujours là pour lui tout comme, je le sais, il sera toujours là pour moi. On ne se voit plus autant qu'auparavant, parce que nous sommes occupés, mais je l'aime profondément et la majorité de ces rumeurs sont montées de toutes pièces. Entre frères, vous savez, il y a des hauts et des bas." Les plus prompts à donner du crédit à certaines des rumeurs en question – comme celle qui voudrait qu'ils se soient soigneusement évités l'été dernier à Balmoral – n'auront pas manqué de remarquer l'hésitation d'Harry, qui s'est repris alors qu'il allait dire qu'elles sont "probablement montées de toutes pièces".
Je ne veux pas que l'histoire se répète
La duchesse Meghan a elle aussi été questionnée sur l'impact des tabloïds sur leur existence, révélant que certains de ses amis britanniques, anticipant que la presse à scandale allait "détruire" sa vie, étaient même allés jusqu'à lui déconseiller de se marier avec le prince. Aujourd'hui encore, elle peine à s'adapter à ce traitement et à composer avec, comme elle l'a expliqué avec franchise dans ce même documentaire : "Cela ne suffit pas de survivre, ce n'est pas une raison de vivre. Il faut s'épanouir. Il faut se sentir heureux et je crois que j'ai vraiment essayé d'adopter cette sensibilité britannique toute flegmatique. J'ai essayé, j'ai vraiment essayé, mais je crois que ce que cela provoque à l'intérieur est sans doute véritablement nocif (...). Je n'ai jamais pensé que ce serait facile, mais j'ai pensé que ce serait juste et c'est à cela qu'il est difficile de se faire", a-t-elle observé. À tel point qu'Harry a décidé de sévir, assignant en justice le Mail on Sunday pour avoir publié une correspondance privée entre Meghan et son père, ainsi que plusieurs journalistes de diverses publications.
"Je ne veux pas rentrer dans le jeu qui a tué ma mère [Diana], s'est-il justifié auprès de Tom Bradby. Maintenant, j'ai une famille à protéger. Tout ce qu'elle a traversé et ce qui lui est arrivé était incroyablement brutal, chaque jour. Ce n'est pas de la parano de ma part. C'est seulement que je ne veux pas que l'histoire se répète. Et si n'importe qui d'autre, que ce soit un père, un mari ou autre, savait ce que je sais, il ferait probablement exactement la même chose que moi. Mais encore une fois, pour ma femme et moi, c'est évident qu'il y a plein de choses blessantes, en particulier quand ces choses, dans leur grande majorité, ne sont pas vraies. Mais nous devons nous efforcer d'être authentiques, d'être ceux que nous sommes et de défendre ce en quoi nous croyons."
GJ