De "vieilles idées" peut-être, mais un artiste sur lequel le temps, à 77 ans, n'a toujours pas d'emprise. Leonard Cohen s'est attiré une nouvelle ovation critique en janvier 2012 avec Old Ideas, son douzième album studio, plus de 44 ans après le premier (Songs of Leonard Cohen, 1967), dont était extrait Going Home.
L'inlassable pape folk-rock reprendra la route des concerts cet été pour une tournée internationale (Old Ideas World Tour) qui le verra notamment jouer trois soirs sur la scène de l'Olympia à Paris les 28, 29 et 30 septembre 2012 cet album automnal et pétri de mortalité.
Leonard Cohen va pouvoir embarquer l'esprit tranquille, puisque le rocambolesque procès de son ex-amante et ex-impresario, Kelley Lynch, 55 ans, a atteint son dénouement à Los Angeles. Reconnue coupable de harcèlement suite à l'envoi de centaines de messages électroniques malveillants au chanteur, l'ex-directrice artistique, licenciée en 2004 au bout de dix-sept années de service, a été condamnée à dix-huit mois de prison assortis de cinq ans de probation et d'un programme de gestion de la colère à suivre. Elle a été incarcérée mardi 17 avril 2012.
La brouille avait commencé lorsque Leonard Cohen l'avait accusée de lui avoir volé 5 millions de dollars durant sa retraite bouddhiste en Californie, entamée dans les années 1990 sous le nom de Jikan, et l'avait licenciée, en 2004. L'artiste, qui a frisé la banqueroute au milieu des années 2000 avant de remonter sur scène en 2008, avait eu l'année suivante gain de cause devant les tribunaux, Kelley Lynch, laquelle avait par ailleurs vécu une brève romance avec lui, étant condamnée à lui verser 9,5 millions de dollars. Un jugement auquel elle avait réagi en adressant, depuis, des centaines de courriels et d'appels téléphoniques insultants et menaçants à Leonard Cohen et... à des tiers tels que le fisc américain : "Il a un pénis minuscule, voire inexistant", avait écrit Kelley Lynch, au milieu d'accusations de cupidité et de toxicomanie, au service des impôts - une donnée de toute évidence fort intéressante pour le calcul de l'imposition.
Le chanteur canadien, qui sera le 14 mai prochain à Toronto le 9e récipiendaire du Prix Glenn Gould, avait témoigné lors du procès de son ancienne partenaire, regrettant "lui avoir fait confiance" et lisant à voix haute à la demande de la cour certains des messages infâmants, du type : "Leonard Norman Cohen devrait être conduit devant un peloton d'exécution et fusillé." Il avait également admis avoir eu une relation personnelle avec celle qu'il avait embauchée "en 1988 ou 1989 pour s'occuper de [s]es affaires" : "Nous avons eu une relation intime, oui. Qui a compris des relations sexuelles, oui. Je ne me rappelle plus quand tout cela s'est terminé." Pas une première dans le parcours de Leonard Cohen, dont plusieurs des collaboratrices furent, à un moment ou à un autre, des amantes : si la Norvégienne Marianne C. Stang Jensen Ihlen, sa compagne dans les années 1960, a inspiré la chanson So Long Marianne, on retiendra surtout ses idylles avec l'artiste Suzanne Elrod (mère de ses enfants Adam et Lorca, elle-même devenue mère en 2011 d'une petite Viva dont le père est Rufus Wainwright), qui apparaît sur le visuel de l'album Death of a Ladies' Man et est la Dark Lady de son ouvrage Death of a Lady's Man, dont il s'est séparé en 1979 ; avec la photographe française Dominique Issermann dans les années 1980, qui a illustré ses albums et réalisé plusieurs clips pour lui avant de le retrouver en 2010 comme photographe officielle de sa tournée mondiale ; avec Rebecca de Mornay dans les années 1990, productrice (et muse ?) de l'album The Future ; ou encore avec Anjani Thomas dans les années 2000, sa choriste et girlfriend, avec qui il a composé les albums Blue Alert (d'Anjani) et Dear Heather (de Cohen). Pourvu que ça dure.