C'est une bataille judiciaire de 15 ans qui vient de s'achever aujourd'hui à la cour d'appel de Paris. Vous souvenez-vous des Poppys ? Cette chorale d'enfants âgés de 10 à 14 ans a connu son heure de gloire au début des années 70 grâce à leur tube Non, non, rien n'a changé (à redécouvrir ci-dessus). Ils ont vendu 5 millions d'albums et reçu deux disques d'or en chantant la paix et la fraternité. Aujourd'hui quinquas, ils attaquaient Universal Music et leur créateur, Jean Amoureux, pour faire reconnaître leur droit d'interprètes... Ils viennent de perdre leur procès !
En 1970, plusieurs enfants sont choisis par Jean Amoureux, musicien et fondateur de la chorale des Petits Chanteurs d'Asnières. Ils forment alors les Poppys, qui seront signés dans la maison de disques d'Eddy Barclay, qui appartient désormais à Universal Music France.
Près de trente ans plus tard, certains des enfants décident d'attaquer Jean Amoureux et Universal au pénal pour "escroquerie, abus de confiance et recel d'abus de confiance", et assignent la maison de disques devant le Tribunal de Grande Instance pour "usage non autorisé de l'image et des interprétations".
Le problème réside dans la place que tenait Jean Amoureux. Il admettait en 2005, dans Le Parisien, avoir encaissé 183 000 euros grâce à leur travail, "une somme utilisée selon lui pour l'achat d'une propriété où les Petits Chanteurs pouvaient séjourner, d'un bus pour les tournées et de matériel de sono". Mais cet argent a été perçu par Amoureux en tant que "directeur de l'association Éducation et loisirs des jeunes de Grésillons, au nom de laquelle il avait passé un accord avec Universal".
Leur plainte se solde par un non-lieu, confirmé en appel en 2002.
Deux ans plus tard, les Poppys reviennent à la charge et assignent Universal auprès de la juridiction civile de Paris au motif suivant : "En dépit des accords passés avec M. Amoureux, la maison de disques aurait dû s'assurer du versement de leurs rémunérations." Mais encore une fois, ils sont déboutés en janvier 2008 et même sommés de dédommager Universal de ses frais de justice, car "les huits demandeurs ne donnent aucun élément sur la composition exacte du groupe".
Aujourd'hui, ils étaient encore six à réclamer que leur statut d'artistes-interprètes soit reconnu par la justice, et que leur contrat soit réécrit à leur nom. La cour d'appel a rendu son verdict et il n'est pas bon pour les anciens Poppys. La cour a considéré que Jean Amoureux avait tout à fait "qualité pour signer les contrats d'enregistrement du 19 octobre 1970 et du 29 octobre 1976", et que ce dernier avait "agi en parfait accord avec les membres du groupe" et leur parents.
C'est la fin d'un long chapitre judicaire auquel Jean Amoureux n'aura pas assisté. Le musicien est décédé le 2 septembre 2009, à l'âge de 84 ans. Pas vraiment, ils peuvent encore aller en cassation... mais en ont-ils les moyens ?