Liliane Bettencourt doit voir un médecin, et l'affaire déménage à Bordeaux !
Publié le 17 novembre 2010 à 19:20
Par Guillaume J.
Affaire Bettencourt : Mercredi 17 novembre, tandis que la juge des tutelles de Courbevoie jugeait recevable la demande de Françoise Bettencourt-Meyers, la cour de Cassation de Paris dépaysait l'ensemble de l'affaire à Bordeaux. Affaire Bettencourt : Mercredi 17 novembre, tandis que la juge des tutelles de Courbevoie jugeait recevable la demande de Françoise Bettencourt-Meyers, la cour de Cassation de Paris dépaysait l'ensemble de l'affaire à Bordeaux.© Abaca
Mercredi 17 novembre, tandis que la juge des tutelles de Courbevoie jugeait recevable la demande de Françoise Bettencourt-Meyers, la cour de Cassation de Paris dépaysait l'ensemble de l'affaire à Bordeaux. (Photo F.-Marie Banier)
Affaire Bettencourt : Mercredi 17 novembre, tandis que la juge des tutelles de Courbevoie jugeait recevable la demande de Françoise Bettencourt-Meyers, la cour de Cassation de Paris dépaysait l'ensemble de l'affaire à Bordeaux.
Mercredi 17 novembre, tandis que la juge des tutelles de Courbevoie jugeait recevable la demande de Françoise Bettencourt-Meyers, la cour de Cassation de Paris dépaysait l'ensemble de l'affaire à Bordeaux. (photo : Eric Woerth)
Affaire Bettencourt : Mercredi 17 novembre, tandis que la juge des tutelles de Courbevoie jugeait recevable la demande de Françoise Bettencourt-Meyers, la cour de Cassation de Paris dépaysait l'ensemble de l'affaire à Bordeaux.
Affaire Bettencourt : Mercredi 17 novembre, tandis que la juge des tutelles de Courbevoie jugeait recevable la demande de Françoise Bettencourt-Meyers, la cour de Cassation de Paris dépaysait l'ensemble de l'affaire à Bordeaux.
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Après un printemps animé par la révélation fracassante d'écoutes "clandestines" répandant l'affaire de famille dans la sphère politique et publique, un été en forme de blockbuster médiatique avec son lot de perquisitions, auditions, et rebondissements divers, puis un automne digne d'un thriller avec vols en série et querelles judiciaires, le scandale Bettencourt se prépare un hiver mouvementé.

Mercredi 17 novembre 2010 devait être déterminant pour les suites données au dossier, ou plutôt au double dossier : l'affaire Banier-Bettencourt d'une part, dans laquelle la fille de la milliardaire Liliane Bettencourt, Françoise Bettencourt-Meyers, poursuit le photographe François-Marie Banier pour abus de faiblesse ; l'affaire Woerth-Bettencourt d'autre part, déclenchée par la découverte de la possible implication de l'ex-ministre du Budget sur fond très nébuleux d'évasion fiscale et de connivence politique. Deux pans d'un giga-dossier ultra-sensible dont le destin à court terme se jouait simultanément à Courbevoie (Hauts-de-Seine) et à Paris.

Affaire Banier-Bettencourt : la mise sous tutelle de l'héritière L'Oréal recevable !

Dans le volet familial du scandale, rebondissement et... retour à la case départ ! Au bout de trois années de procédure, de chicaneries et de règlements de compte mère-fille, Françoise Bettencourt-Meyers, qui dit agir pour le bien de Liliane Bettencourt dont elle dénonce la fragilité psychologique, a été entendue par la juge des tutelles du tribunal de Courbevoie, laquelle vient de juger recevable la demande de mise sous protection de la milliardaire de 88 ans. Rappelons que sa fille avait déjà, visant François-Marie Banier, récipiendaire d'un milliard d'euros de dons divers de la part de son amie Liliane Bettencourt, déposé deux demandes similaires par le passé ; toutes deux rejetées par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, fondant son refus sur l'absence d'expertise médicale accompagnant la requête. Et pour cause : Liliane Bettencourt a toujours refusé catégoriquement, bec et ongles, de se soumettre à une expertise qu'elle jugeait humiliante et inopportune, martelant qu'elle avait toute sa tête, mais que sa fille, elle, était "zinzin". Ce qui l'a d'ailleurs poussée à contre-attaquer en justice pour "violences morales".

Pour cette troisième tentative, Françoise Bettencourt-Meyers avait joint à sa demande un certificat médical de carence constatant que sa mère refusait toujours de se soumettre à un examen. Mercredi, malgré l'avis défavorable préalablement rendu, le 3 novembre, par le parquet de Nanterre, la juge des tutelles de Courbevoie a estimé que la requête méritait d'être examinée. En revanche, elle n'a décidé aucune mesure contraignante : "En l'état, aucun élément du dossier ne démontre la nécessité de placer Mme Bettencourt sous sauvegarde de la justice, de suspendre le mandat confié à Patrice de Maistre (son gestionnaire de fortune, au coeur de l'autre versant, financier et politique, de l'affaire, NDLR) et de désigner un mandataire spécial." De plus, et cela est important "la juge des tutelles a relevé qu'aucun élément ne démontrait la nécessité de prendre des mesures provisoires pour une mise sous protextion immédite et forcée, ce qui correspond au souhait de Mme Bettencourt", remarque l'avocat de la milliardaire, Me Pascal Wilhelm. A noter que sa mise sous tutelle entraînerait vraisemblablement, quoiqu'aucune disposition réglementaire au sein du groupe ne le formalise, sa destitution du siège d'administratrice de L'Oréal et de présidente de la holding qui contrôle les parts familiales dans le groupe.

En somme, cela signifie que nous voilà revenus des mois en arrière : la juge des tutelles, considérant la demande de la fille Bettencourt recevable, va engager une procédure d'instruction dont la clef de voûte sera la nomination par elle d'un expert médical chargé de dresser un bilan de santé de Liliane Bettencourt, si elle accepte de s'y soumettre ! La juge des tutelles va vraisemblablement voir l'intéressée pour évoquer ce point avec elle. Question : pourquoi l'héritière L'Oréal accepterait-elle cette fois de s'y soumettre, quant elle a usé de tous les recours et avec la dernière force pour toujours s'y soustraire par le passé ? Parions que cette affaire est encore loin d'être réglée !

Affaire Woerth-Bettencourt, un dépaysement nécessaire... à Bordeaux !

Dans l'après-midi de mercredi, la chambre criminelle de la cour de cassation de Paris se penchait sur la demande de dépaysement de l'ensemble des dossiers Woerth-Bettencourt, déposée par le procureur général de Versailles Philippe Ingall-Montagnier après des mois de polémiques et de chicaneries - notamment le duel entre la juge Isabelle Prévost-Desprez et le procureur Philippe Courroye. Le "package" inclut trois dossiers : l'information judiciaire comprenant les quatre anciennes enquêtes préliminaires du procureur Courroye, le dossier pour abus de faiblesse dont a été saisie Isabelle Prévost-Desprez, et l'information judiciaire contre X pour "violation du secret professionnel" dont elle est la cible, en raison de sa possible responsabilité dans les fuites dans la presse. Le parquet général recommandait le transfert des dossiers du tribunal de grande instance de Nanterre à celui de Paris, pour une "sérénité" recouvrée.

La décision de la cour de cassation a entendu les inquiétudes du procureur général de Versailles et suivi ses recommandations, en ordonnant effectivement le dépaysement de l'affaire. Mais, contrairement à la préconisation de l'avocat général Christian Raysséguier, la chambre criminelle de la cour, sous la présidence de Bertrand Louvel, a décidé de renvoyer les trois dossiers devant le tribunal de grande instance de Bordeaux, désormais chargé de les répartir entre différents magistrats. Pour un dépaysement, c'en est un !

L'AFP signale à cette occasion qu'il y a peu de chances que le procès Banier, qui devait initialement avoir lieu au mois de juillet 2010 et avait été repoussé au regard de tous les nouveaux éléments de l'affaire, se tienne courant 2011, comme ce devait être le cas. De la même manière, les autres volets, dont l'enquête visant Eric Woerth, pourraient ne pas élucidés et tranchés d'ici l'élection présidentielle de 2012. Il est urgent d'attendre...

G.J.

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