"100 ans aujourd'hui ! Bon anniversaire cher Monsieur Liébard !", s'exclamait, le 4 juin 2008, le site officiel www.compagnonsdelachanson.com, célébrant le symbole fort, avec cet âge canonique atteint, de l'entrée dans l'Histoire de Louis Liébard, instigateur des Compagnons de la musique - et des Compagnons de la chanson qui s'en émancipèrent ensuite avec succès.
Aujourd'hui, l'heure est à une autre forme d'hommage, puisque "le mentor lyonnais" des Compagnons est décédé vendredi soir, le 15 janvier 2010 : "Il a rejoint, auprès du Seigneur, son épouse Marie-Madeleine décédée en 2008", indique le faire-part de décès publié dans Le Figaro par ses proches et sa nombreuse famille - un funeste message auquel sont associés ses 32 enfants et 32 petits-enfants.
Le même communiqué précise qu'une cérémonie religieuse se déroulera le jeudi 21 janvier en l'église Sainte-Lucie d'Issy-les-Moulineaux, précédant l'inhumation du défunt le vendredi 22 janvier dans le caveau familial sis à Pontailler-sur-Saône (Côte d'or).
Ancien élève et adjoint du maître de chapelle de la cathédrale de Dijon Joseph Samson dans les années 1930, Louis Liébard reste dans les mémoires pour avoir été, depuis la fondation de sa première chorale en 1933 (La Perdriole), un pédagogue exigeant et inflexible, une personnalité au caractère bien trempé dont le surnom auto-attribué témoigne : "le chef".
Fait prisonnier de guerre en 1940, il s'évade en 1941 (d'un train de marchandises, en gare de Nancy) et fonde à Lyon quelques mois plus tard, inspiré par les Compagnons de France, les Compagnons de la Musique. "Nous sommes en train de former sous l'égide des Compagnons de France un groupe de jeunes qui enseignera, donnera des représentations et propagera le chant choral grâce aux chansons folkloriques françaises. Cette équipe dont le centre se trouve à Lyon sera dirigée par Louis Liébard...", avait coutume d'expliquer Jean Verline, assistant et répétiteur, pour présenter l'ensemble. Les candidats à l'intégration aux groupes sont essentiellement des jeunes gens arrivant de zone occupée.
Les Compagnons de la chanson, hébergés dans une maison de la rue Champvert à Lyon, donnent leur premiers concerts dans le quartier du Point du Jour au printemps 1942. Fin 1943, après l'arrivée de Fred Mella, une représentation des Compagnons de la musique au Pathé-Palace de Lyon leur vaut d'être sélectionnés pour un gala à la Comédie-Française en 1944 : ils y rencontrent Edith Piaf et gagnent une notoriété extra-rhodanienne.
En 1946, huit des Compagnons de la Musique font scission, créant les Compagnons de la Chanson, qui, épaulés par La Môme, connaîtront l'essor qu'on sait.