Auteur du très beau roman Ma vie de courgette – adapté en film d'animation par Claude Barras et qui a raflé deux César et une nomination à l'Oscar ! –, Gilles Paris vit aujourd'hui de son métier, celui d'écrivain. Il vient d'ailleurs de publier chez Plon son nouveau roman, Le Vertige des falaises. Mais avant de devenir un romancier couronné de succès – et un attaché de presse bien connu dans le petit monde littéraire –, il a fait, comme beaucoup, une multitude de petits boulots. Invité chez Philippe Vandel sur France Info le 13 avril dernier, le papa de Courgette s'est confié sur ses multiples vies.
On apprend ainsi qu'il a travaillé comme manutentionnaire au service emballages d'une usine du 18e arrondissement de Paris, qu'il a été testeur de médicaments (notamment pour des antidépresseurs) mais aussi... qu'il a été donneur de sperme ! C'était dans les années 1980, lorsque la fécondation in vitro n'était pas aussi encadrée qu'aujourd'hui. "Il n'y avait pas de loi à l'époque. Les couples qui déposaient un dossier à la banque du sperme attendaient beaucoup trop de temps pour avoir de réponses et les gynécologues ont compris qu'il y avait une manne, quelque chose à faire", raconte Gilles Paris.
Le jeune homme a alors 21 ans. Il donnera son sperme pendant douze ans. "On nous appelait les donneurs sauvages. On était sur leurs calepins à la lettre S comme sperme", se souvient-il. L'avantage, c'est qu'il était plutôt bien payé pour faire don de sa semence fertile. "J'y allais quatre, cinq fois par semaine. C'était bien payé, 300-350 francs [l'équivalent de 50-55 euros, NDLR]", poursuit Gilles Paris qui a fini par savoir qu'un certain nombre d'enfants avaient vu le jour grâce à lui. "J'ai appris que j'avais fait naître 148 enfants", lâche-t-il sans fard. Et d'ajouter avec humour : "Si l'un d'eux vient me trouver un jour, je lui dirai : 'Je ne suis pas ton père, mais on peut en discuter.'"
Son histoire n'est pas sans rappeler celle de David Wozniak alias Patrick Huard dans le célèbre film québécois Starbuck. Le long métrage, qui avait donné lieu à un remake en France (Fonzy), explorait le thème de la paternité en suivant un quadragénaire découvrant qu'il avait fait naître 533 enfants grâce à ses dons de sperme et qui se décidait à les rencontrer.