Qu'on apprécie sa musique ou non, on ne peut qu'admirer son parcours incroyable.
Et pour cause, Gandhi, plus connu sous le nom de Maître Gims, revient de loin. Avant d'écouler 200 000 exemplaires de son dernier album, Mon coeur avait raison, en seulement quatre semaines, l'ancienne star du groupe Sexion d'Assaut est arrivée en France sans papiers.
Je ne suis plus clandestin.
A l'époque, ses parents proches du dictateur Mobutu sont menacés et obligés de fuir leur pays, le Congo, pour venir s'installer en région parisienne. "Une question de vie ou de mort", précise le rappeur qui peine toujours à obtenir la nationalité française lors d'un entretien pour le magazine VSD. "Je ne peux toujours pas voter car je n'ai toujours pas la nationalité française. Pour autant, je ne suis plus clandestin sinon je ne pourrais pas être payé. C'est vrai que j'ai décidé de devenir français, je suis prêt. Et puis je suis arrivé ici à l'âge de 2 ans, alors je me sens totalement français. C'est légitime, non ?", rajoute-t-il.
Pas qu'un peu, en effet ! D'autant plus que l'intégration de Gandhi et sa famille ne s'est pas faite dans les meilleures conditions. Alors qu'il s'apprête à partir bientôt en tournée, l'interprète de Game Over publie une biographie, intitulée Vise le soleil, dans laquelle il revient sur son parcours chaotique et son ascension fulgurante. Le magazine Public en a publié quelques extraits.
Je n'oublierai jamais la vision de ma mère menottée.
A l'âge de 3 ans, il est placé en pensionnat puis en famille d'accueil, avant de finalement pouvoir retourner vivre chez sa mère, dans des conditions plus que précaires, à l'âge de 6 ans. Le petit garçon loge alors dans divers squats délétères, la peur au ventre. "Je n'oublierai jamais la vision de ma mère menottée, face contre terre", écrit-il après que les huissiers les eurent retrouvés. Sans le sou, contrairement à ses copains dealers et alors que ses oncles cachent de la cocaïne dans des yaourts au congélateur, Gandhi résiste à l'argent facile du trafic de stupéfiants. Il se contente de voler dans les supermarchés les friandises dont il raffole et qu'il ne peut pas encore s'offrir.
Vendre de la drogue, je l'ai envisagé !
"Vendre de la drogue, je l'ai envisagé ! J'étais à deux doigts d'aller trouver un cousin dealer pour lui proposer d'entrer dans son réseau. J'étais las d'être perpétuellement à sec. Ce qui m'a préservé de cette voie, c'est la peur de ne pas être à la hauteur", se justifie-t-il. Il faut croire qu'il a bien fait puisque quelques années plus tard, il se retrouve sous le feu des projecteurs avec ses copains Black Mesrimes (alias Black M), Lefa, Maska et Barack Adama, Doomams et JR du groupe Sexion d'Assaut.
Depuis 2013 et son premier disque en solo Subliminal, le rappeur vole de ses propres ailes. Marié et père de quatre enfants, il gagne désormais plus que Johnny Hallyday, dont il rêve de réaliser le prochain album. Une trajectoire exemplaire !
Coline Chavaroche