Tout commence le 11 juillet 2001 lorsque Laurette Fugain, en proie à de grosses fatigues, se rend chez son médecin de famille. Quelques tests plus tard, son monde s'écroule, le verdict est sans appel : il s'agit d'une leucémie. Dès que la nouvelle tombe, Laurette, en larmes se précipite dans les bras de sa soeur, Marie, qui gardera à jamais cette journée gravée dans sa mémoire. Le 18 mai 2002, Marie a perdu sa petite soeur. Auteur de Moi, on ne m'a jamais demandé comment j'allais... aux éditions Michel Lafon, Marie Fugain a enfin pu crier sa douleur et faire son deuil à sa manière. Aujourd'hui, dans Paris Match (en kiosques le 28 août 2012), elle raconte l'été où sa "soeur Laurette est venue pour la dernière fois en Corse".
Marie se souvient d'avoir attendu sa soeur sur le tarmac de Calvi en compagnie de celui qui deviendra son mari, Richard Charest. C'est très affaiblie, son foulard noué sur le crâne, que Laurette rejoint les siens. "Je la serre fort, mais elle paraît si fragile que je modère mes élans", se souvient Marie. Malgré tout, la famille fait front, prête à tout pour braver la mort : "Si nous voyons combien elle est diminuée, nous n'en laissons rien paraître. Chez les Fugain, on reste forts pour défier le destin." Avec sa soeur, Laurette se moque de la maladie, s'amusant à se plaindre et à tousser dans les allées de supermarchés pour effrayer les clients.
De ces dernières vacances, Marie Fugain garde des souvenirs très précis : de la chanson Hasta la vista de MC Solaar qui passait en boucle à un fiasco culinaire qui avait provoqué d'intenses éclats de rire. Et de cette fameuse soirée, Marie se rappelle aussi la terrible crise de larmes de sa soeur : "Entre désespoir et colère, elle éclate en sanglots, se demande si elle pourra jamais vivre d'autres journées comme celle-ci. Sa crise d'angoisse nous renvoie à notre impuissance devant l'issue, inexorable."
Près d'un an après ces vacances mémorables, Laurette Fugain s'est éteinte aux côtés de sa grande soeur. Cette dernière se souvient : "Nous assurions un relais. Ce jour-là, c'était mon tour. J'étais là pour son dernier souffle." Commence alors une nouvelle vie pour Marie, une vie où elle n'a pas pu crier son mal-être, son abandon, n'ayant pas, en tant que soeur, le droit de souffrir. Libérée par l'écriture, Marie Fugain a exprimé son chagrin et mis des mots sur l'immense douleur que représente le fait de perdre sa petite soeur.
Interview à retrouver dans Paris Match (en kiosques le 28 août 2012)