Marlène Harnois quitte la France... Suspendue deux ans par sa fédération française après avoir entre autres déclaré qu'elle avait été victime de harcèlement, la médaillée olympique de taekwendo retournera dans son Canada natal, dont elle souhaite désormais porter les couleurs, le 3 octobre prochain. Un nouveau départ pour enfin tourner la page de cette affaire retentissante comme l'explique aujourd'hui dans les colonnes du Parisien.
Tout sourire pour sa rencontre avec le journaliste du quotidien, à Enghien-les-Bains, Marlène Harnois semble comme soulagée et libérée d'un poids. Dans quelques jours, la médaillée de bronze aux JO de Londres va pourtant quitter la France, son pays d'adoption depuis 2006, un choix difficile mais finalement salvateur. "J'ai dû choisir entre mon pays et ma passion. J'ai rencontré la Fédération canadienne. Face à l'enthousiasme de ses dirigeants, j'ai eu le déclic et j'ai décidé de m'expatrier", confie-t-elle, rappelant tout de même qu'elle est "fière" d'avoir porté les couleurs de la France et qu'elle "aimait" sa vie ici.
Mais la triste affaire Harnois est passée par là et la jeune femme souhaite désormais porter les couleurs du Canada. Si théoriquement, Marlène Harnois ne peut pas représenter son pays natal pendant trois ans après avoir combattu pour l'équipe de France, elle pourrait le faire si un accord est trouvé entre les deux fédérations. "Je ne m'imagine que [la France] ne signe pas ma liberté. (...) Elle ne peut pas me prendre en otage", espère-t-elle.
Marlène Harnois, qui avait dénoncé, outre le mariage blanc que lui aurait imposé son entraîneur Myriam Baverel, les gifles et les insultes de cette dernière, ne regrette pourtant pas ses déclarations, même si elle n'imaginait pas des conséquences "aussi importantes". "J'assume tout ce que j'ai dit et je suis prêter à en assumer les conséquences. J'espère juste que mon ex-mari n'aura pas d'ennuis. Mais ce n'est pas grâce à ce mariage blanc que j'ai été naturalisée, je l'ai été par décret", rappelle-t-elle.
Des conséquences tout de même dramatiques pour Marlène Harnois qui a perdu très gros dans cette affaire et vécu une période très difficile. "Je me suis longtemps accrochée à l'espoir. Ma mère a démissionné de son travail à Montréal pour venir me soutenir, je me suis séparée de mon ami, j'ai perdu une grosse partie de mes revenus. J'ai parfois eu des envies de suicide mais aujourd'hui, je rêve à nouveau", positive la championne, qui ose même un trait d'humour : "Je suis peut-être la première sportive française à partir pour une raison autre que les impôts !"
Ce départ pour le Canada ne clôture cependant pas l'affaire Harnois. Après ses accusations, le ministère des Sports de Valérie Fourneyron a demandé une enquête administrative dont les conclusions ont été transmises au parquet fin août. La justice décidera alors s'il faut poursuivre Marlène Harnois pour son mariage blanc, même si son avocat estime qu'il y a prescription, et l'entraîneur Myriam Baverel pour les accusations d'harcèlement. À noter que Marlène Harnois n'a toutefois pas porté plainte.
Et ce n'est pas terminé puisque la Fédération française, qui a toujours démenti les accusations de la championne olympique, Myriam Baverel et le directeur technique national Philippe Bouedo l'ont attaquée pour "injures publiques", réclamant 40 000 euros de dommages et intérêts. Une plainte qui sera examinée devant le tribunal correctionnel de Paris au printemps prochain.