Elle se disait victime d'insultes, de harcèlement moral et d'humiliations et avoir été forcée à contracter un mariage blanc... Pourtant, Marlène Harnois, médaillée de bronze en taekwondo aux JO de Londres l'été dernier a été suspendue de licence pour deux ans par la commission de discipline de la Fédération. Une claque pour la Franco-Canadienne qui avait dénoncé les agissements de son entraîneur Myriam Baverel.
"Je prends deux ans de suspension pour avoir dit la vérité en cohérence avec les valeurs olympiques qui m'ont tant apporté", déclarait la jeune femme de 26 ans après l'annonce du verdict le 19 juillet. Marlène Harnois avait dénoncé les pratiques de son entraîneur dès le mois de mai, propos démentis par Myriam Baverel qui évoquait une dépression post-JO de son athlète "qui a disjoncté". Mise à l'écart de l'équipe de France suite à une altercation, Marlène Harnois compte bien faire appel de cette décision injuste mais prévisible selon son avocat Aurélien Hamelle.
"La commission de discipline fédérale considère les propos de Marlène comme mensongers et faux, a-t-il expliqué à l'AFP, pointant du doigt la partialité de la commission. Nous avons été écoutés, mais pas entendus. Dans les jours qui ont suivi les propos de Marlène Harnois, le président de la Fédération avait dit que ces accusations étaient sans fondement, or, même s'il ne siège pas au sein de la Commission de discipline, c'est lui qui en nomme les membres..."
Soutenues par plusieurs athlètes dont Marylou Sidibé de Koh Lanta, ex-membre de l'équipe de France de taekwondo, Marlène Harnois était logiquement déçue, mais indiquait vouloir ne pas en rester là : "Je ne regrette rien, ou plutôt si, je regrette la réaction solidaire des dirigeants fédéraux contre moi. J'ai voulu faire évoluer la situation. [...] Dans ma démarche, je faisais confiance à la fédération et au mouvement sportif, jusqu'à preuve du contraire. Et le contraire est vrai."
Du côté de la Fédération et de sa commission de discipline on ne communique pas officiellement. Un membre de la fédération, souhaitant conserver l'anonymat déclare cependant : "Sa licence est suspendue deux ans. La décision n'est pas rédigée. L'athlète recevra les motivations assez rapidement, dans une ou deux semaines."
Marlène Harnois envisage également de porter l'affaire devant la justice administrative, alors que le ministère des Sports a lancé sa propre enquête menée par l'Inspection générale de la jeunesse et des sports.