Il est l'une des médailles d'or attendues de ces Jeux olympiques de Sotchi qui s'ouvriront ce samedi 8 février après la cérémonie d'ouverture à la démesure assumée ce soir. Martin Fourcade domine outrageusement sa discipline, le biathlon, et devrait logiquement apporter une breloque en or à l'équipe de France. Avec si possible son frère à ses côtés. Car chez les Fourcade, le biathlon, c'est avant tout une histoire de famille.
Avant Vancouver et sa médaille d'argent, Martin Fourcade n'avait jamais rien gagné et n'était jamais monté sur un podium au niveau international. Depuis, le jeune homme de 25 ans originaire de Céret dans les Pyrénées-Orientales a éclipsé les maîtres de la discipline, les Norvégiens, pour devenir la référence mondiale. Libération est parti à la rencontre de ce grand échalas de 184 centimètres et 78 kilos, à quelques jours du début des JO de Sotchi.
Et c'est un Martin Fourcade solitaire qu'il a rencontré. Le quintuple champion du monde s'entraîne seul à Anterselva dans les Dolomites. Un moment rare pour celui qui passe le plus clair de son temps avec les membres de l'équipe de France, quitte à devoir laisser sa compagne Hélène, institutrice, seule à Villard-de-Lans dans le Vercors où ils se sont installés. Mais les sacrifices exigés paient aujourd'hui. Éclipsés les Norvégiens qui dominaient le biathlon et en avaient fait leur chasse gardée. Si son succès demeure confidentiel en France, il est une super star en Russie ou en Allemagne. Primes de courses, sponsors et solde militaire lui permettent aujourd'hui de vivre confortablement. Et dans deux ans, il prendra la direction d'Oslo avec sa compagne, pour s'installer. "Un choix de vie, une envie d'aller voir ailleurs", confie-t-il à Libération.
Rivalité fraternelle
Avant son départ, c'est donc Sotchi et ses Jeux olympiques controversés. Des JO qu'il disputera avec son frère aîné, Simon, avec qui les relations n'ont pas toujours été au beau fixe. Car si son frère a toujours été un modèle dans leur enfance, c'est Martin qui a connu la gloire mondiale. Au grand dam de Simon.
En 2010, lors des JO de Vancouver, c'est bien Simon qui est présenté comme le favori pour une médaille. Mais au final, et à la surprise générale, il ne termine qu'à la 27e place quand son frère décroche une médaille d'argent ! Au moment du podium, le cadet est aux anges, lorsqu'il voit son frère en larmes. "Simon a vécu cela comme une injustice", explique-t-il. Durant deux années "compliquées", les deux Fourcade ont une relation très difficile, alors qu'elle était auparavant fusionnelle. "On est très différents dans la vie et dans le sport : je suis moins prise de tête, plus détachée. Simon se repliait sur lui-même. Le voir malheureux, c'était dur", raconte Martin Fourcade.
Mais peu peu, il arrête de culpabiliser pour savourer pleinement son succès : "J'ai réalisé que seul Simon avait les clés pour sortir de ça, que ce n'était pas moi qui lui faisais du mal." Simon a le plus grand mal à accepter que son petit frère soit au sommet de la discipline, quand ses années de boulot ne lui apportent pas la gloire espérée. Mais au final, Simon "a fini par trouver les clés" et a accepté le fait que son cadet soit bien le plus fort, raconte Martin Fourcade.
"Depuis, nous avons retrouvé notre super relation, poursuit ce dernier. On est francs l'un avec l'autre, on s'entraîne ensemble, c'est une grande chance." Avec un objectif : monter ensemble sur le podium olympique de Sotchi.