Le procès des dix personnes soupçonnées d'être responsables de l'assassinat d'Hélène Pastor, 77 ans, et son chauffeur Mohamed Darwich en mai 2014 devant un hôpital de Nice se tient devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône à Aix-en-Provence. La première semaine d'audience a eu son lot d'émotion avec les témoignages de Gildo Pallanca Pastor, fils de la milliardaire monégasque, et de sa fille Sylvia Pastor. C'est la première fois que le grand public l'entendait. Cette dernière n'a pas seulement perdu sa mère mais aussi l'homme de sa vie puisque son compagnon depuis vingt-huit ans, père de l'une de ses filles, Wojciech Janowski, est soupçonné d'avoir commandité cette exécution. Mercredi 26 septembre 2018, c'est le témoin clé de ce procès qui a été entendu à la barre : le coach sportif Pascal Dauriac.
Sur le banc des accusés, Dauriac est le seul à assumer pleinement sa culpabilité. Devant la cour, il a raconté comment, petit à petit, Janowski l'aurait conduit à participer à cette entreprise mortelle. Pascal Dauriac était le coach sportif du couple depuis treize ans. En 2012, alors qu'il vient de recevoir en cadeau un voyage à Londres, en plus des présents qu'il reçoit habituellement pour son anniversaire, Dauriac se voit raconter par Janowski les rapports conflictuels de Sylvia Pastor et sa mère, Hélène. "Un jour de janvier 2012, Wojciech Janowski regarde par la fenêtre et dit : 'Elle lui fait trop de mal, est-ce que tu peux trouver une arme pour tuer Mme Pastor ?' J'étais sidéré." Il tourne les talons et s'en va.
Cela ne peut plus durer. Peux-tu m'aider ?
Un dangereux petit jeu psychologique se met en place. Fin 2012, il reçoit un nouveau voyage à Londres. En septembre 2013, nouvelle demande de Janowski : "Cela ne peut plus durer, la maladie de Sylvia s'est aggravée, il faut liquider la vieille. Peux-tu m'aider ?" Le gendre lui aurait aussi confié que "si Sylvia venait à mourir, il n'hériterait de rien car ils n'étaient pas mariés". Un mobile ?
Pascal Dauriac raconte que son patron lui souffle le chaud et le froid jusqu'à la fin de l'année où il scelle son implication "dans cette histoire surréaliste" en acceptant un voyage de trois semaines en Thaïlande. En plus de ce voyage, le coach a reçu des enveloppes d'argent liquide pour un montant de 140 000 euros. Dauriac bascule après une nouvelle demande menaçante : il parle d'un "gros coup" à son beau-frère Abdelkader Belkhatir, lui aussi sur le banc des accusés. "Pour moi, c'était impossible d'utiliser le terme 'tirer'", dit le coach. Janowski, lui, aurait bien donné bien l'ordre de "faire tuer Mme Pastor et son chauffeur Mohamed Darwich".
"Début avril 2014, Kader me dit que quelqu'un est prêt à répondre à la demande de Janoswki." Le beau-frère enrôle le guetteur qui enrôle à son tour le tireur. Le 6 mai, en fin de journée, Hélène Pastor sort de l'hôpital où son fils se remet d'un double AVC. Devant le hall, elle croise Philippe L., un patient. "Elle m'a dit qu'il fallait garder espoir, a-t-il témoigné durant le procès, que la médecine avait fait beaucoup de progrès." Quelques minutes plus tard, elle entre dans sa voiture et se fait tirer dessus. Son chauffeur succombe à ses blessures quatre jours plus tard. Hélène Pastor s'éteint le 21 mai, elle est inhumée dans une ambiance surréaliste de suspicion aiguë. Selon Pascal Dauriac, Wojciech Janowski ne comptait pas en rester là et souhaitait engager la même équipe pour assassiner Gildo Pastor, le fils.
En garde à vue, Janowski a avoué avant de se rétracter fermement. Il clame depuis son innocence. Très vite arrêtés, le guetteur et le tireur ont avoué le meurtre et disent avoir été engagés par Wojciech Janowski. Le coach le charge également.
Me Éric Dupond-Moretti, qui défend Wojciech Janowski, a posé cette question hier devant la cour : "Comment expliquez-vous qu'on ailler recruter cette équipe de branquignols quand on connaît la mafia et la DST polonaise ?"