Sophie Lionnet avait 21 ans et la vie devant elle. Ses employeurs Sabrina Kouider et Ouissem Medouni lui ont ôté la vie en septembre 2017 avant de brûler son corps dans le chic pavillon qu'ils occupaient au 164 Wimbledon Park road, à Londres. Le couple franco-marocain reconnu coupable du meurtre de sa nounou a écopé de la prison à perpétuité.
Présente tout au long du procès qui s'est déroulé à la cour criminelle de l'Old Bailey, la mère de Sophie Lionnet a découvert l'ampleur du calvaire subi par sa fille. En plus d'avoir été harcelée psychologiquement, la jeune fille qui détenait un CAP petite enfance a été affamée (elle était devenue méconnaissable avec 20 kilos en moins), frappée, battue et menacée des pires horreurs. Ses employeurs l'accusaient de faire partie d'un réseau pédophile avec Mark Walton, fondateur de Boyzone et ex-compagnon de Sabrina Kouider, et de s'en prendre aux deux enfants du foyer, témoins de toutes les atrocités.
Catherine Devallonne s'est ainsi retrouvée confrontée aux images des terribles interrogatoires filmés par Sabrina Kouider et Ouissem Medouni. Sous la contrainte, désespérée, Sophie Lionnet a fini par admettre les faits qui lui étaient reprochés. Depuis son modeste quatre pièces situé près de Sens (Yonne) où elle a reçu une journaliste de Paris Match, la mère de la jeune fille au pair assassinée explique pourquoi elle a tenu à voir ces vidéos atroces : "J'avais besoin de voir ces images. Sur le coup, ça fait un mal fou. Elles n'en finissent pas de me hanter, mais je ne regrette rien : je n'imaginais pas continuer à vivre sans." Malgré la réalité et la dureté de ces images et les obsèques de sa fille, Catherine Devallonne espère toujours son retour : "Je n'arrive pas à réaliser que ma fille n'est plus là."
J'ai cru qu'elle avait été blessée dans un attentat
La mère de trous enfants a pourtant été le témoin de la dégradation des conditions de travail de Sophie Lionnet. Mais faute de moyens, notamment parce qu'elle avait été licenciée, Catherine Devallonne n'a jamais pu aller voir sa fille à Londres. Elle n'avait pas eu de ses nouvelles depuis six semaines quand les six policiers sont venus frapper à sa porte le 22 septembre 2017, en pleine nuit, pour lui apprendre la mort de sa fille. "J'ai cru qu'elle avait été blessée dans un attentat", confie-t-elle à Paris Match.
Catherine Devallonne avait pourtant eu affaire à Sabrina Kouider par téléphone, consciente de la paranoïa de la Française de 35 ans : "Elle répétait que Sophie était paresseuse, qu'elle traînait avec des hommes plus âgés, qu'elle était sale. Il y avait cette histoire de maison avec des enfants agressés, c'était soi-disant la faute de Sophie qui refusait d'avouer... Je ne comprenais rien de son charabia !"
Il ne lui reste à présent plus qu'une bague de Sophie (toutes ses affaires ont été brûlées en même temps que son corps), qu'elle porte jour et nuit en collier autour de son cou.