En juillet dernier, une juge d'instruction décidait de renvoyer devant la cour d'assises Ian Bailey, l'ancien journaliste irlandais de 59 ans soupçonné d'avoir tué Sophie Toscan du Plantier le 23 décembre 1996 à Schull. Au pied de cette maison qui fait face à l'Atlantique et dans laquelle elle aimait se ressourcer, la productrice française avait été retrouvée morte, le corps massacré à coups de pierre.
Sur Europe 1 le 22 décembre, Pierre-Louis Baudey Vignaud, le fils de Sophie Toscan du Plantier, a réitéré son désir de connaître l'identité du tueur et de le voir payer pour ce qu'il a fait. Pour lui, il ne fait presque plus aucun doute que Ian Bailey est coupable. "Au vu des dizaines d'éléments, le doute de la culpabilité de [Ian Bailey], je ne sais pas si on peut encore l'avoir. Aujourd'hui, il est accusé et nous avons besoin qu'il vienne répondre", a-t-il déclaré. Le fils a fait de l'élucidation de ce meurtre le combat de sa vie. "Depuis environ deux ans, je me mets moi-même en avant pour rechercher la vérité et pour que justice soit faite" a-t-il expliqué. "Je n'ai pas un besoin qu'on parle [de cette affaire], mais besoin de pouvoir donner une réponse à ma fille quand elle me posera la question", a-t-il ajouté, visiblement ému.
En France, je n'aurai jamais un procès équitable. Je suis condamné d'avance
Interrogé par Le Parisien, Ian Bailey se dit "victime d'une conspiration" et clame son innocence. "C'est évidemment très difficile à vivre, a confié l'ancien journaliste. J'ai été arrêté deux fois, ainsi que ma compagne, notre maison a été perquisitionnée à plusieurs reprises, ma carrière de journaliste a été brisée... J'ai été désigné à tort par la police et cela fait vingt ans que je me bats pour prouver mon innocence !" L'homme crie à la manipulation et n'hésite pas à accuser à son tour. "Je suis victime d'une conspiration, les policiers ont voulu me piéger, clame-t-il. Ils ont modifié les déclarations de ma compagne en garde à vue et influencé tous les témoins en leur disant que j'étais coupable. En 2005, la femme qui disait m'avoir vu à proximité du lieu du crime s'est rétractée en expliquant que la police avait fait pression sur elle." Lorsqu'on lui demande pourquoi il a parfois déclaré qu'il avait tué la femme de Daniel Toscan du Plantier, il répond : "À force d'entendre tout le monde dire que c'était moi, j'ai pris le parti d'en rire. C'était du second degré."
Renvoyé devant les assises en France, Ian Bailey ne se rendra pas à son propre procès. "En France, je n'aurai jamais un procès équitable. Je suis condamné d'avance, dit-il. Tout le monde me croit coupable là-bas, et, en premier lieu, la famille de la victime." Pour ces derniers, il a quelques mots emplis de compassion : "Je tiens à leur dire que je n'ai rien à voir dans ce meurtre. Ils ont été dupés par la police. Ils sont victimes, mais ma compagne et moi-même le sommes aussi."