20 ans après, le meurtre de Sophie Toscan du Plantier va-t-il enfin être élucidé ? Une juge d'instruction a renvoyé devant les assises le journaliste anglais Ian Bailey, principal suspect dans l'enquête sur le meurtre de la jeune femme en Irlande, et dont la France a tenté en vain jusqu'à présent d'obtenir l'extradition.
L'épouse du célèbre producteur de cinéma français Daniel Toscan du Plantier avait été retrouvée morte le 23 décembre 1996, en vêtements de nuit, en contrebas de sa maison isolée de Schull, un village de la côte sud-ouest de l'Irlande, où elle était venue passer quelques jours avant Noël. Selon les rapports de police, elle avait été frappée à la tête à coups de parpaing. Journaliste pigiste résidant à quelques kilomètres de là, Ian Bailey a rapidement fait figure de suspect, étant parmi les premiers sur les lieux du crime et en évoquant dans ses articles des éléments de l'enquête censés être connus uniquement du meurtrier et des enquêteurs. Interpellé à plusieurs reprises par la police irlandaise, il a toujours clamé son innocence et n'a jamais été inculpé.
Dans son ordonnance rendue le 27 juillet, Nathalie Turquey, la juge d'instruction en charge de l'enquête, a renvoyé le journaliste devant les assises pour "homicide volontaire". "Après 20 ans d'instruction, c'est une grande satisfaction et un soulagement d'arriver enfin à un procès dans cette affaire", a réagi auprès de l'AFP Me Alain Spilliaert, avocat de la famille Toscan du Plantier. Le procès, dont la date n'a pas été encore fixée, devrait se tenir sans le journaliste concerné, la faute à la Cour suprême irlandaise qui avait en effet refusé en 2012 sa remise à la justice française, invoquant notamment l'absence de réciprocité entre les deux pays en matière d'extradition, et qui n'a toujours d'obligation à le faire.
Le 13 juillet dernier, un second mandat d'arrêt européen a été émis à l'encontre de Ian Bailey et notifié aux autorités irlandaises. "Il est peu probable que l'Irlande donne suite", a estimé Me Alain Spilliaert. "Mais nous avons porté l'affaire devant les institutions européennes et nous espérons, un jour, obtenir gain de cause", a-t-il ajouté.