![Michel Polnareff se met à nu dans Le Parisien Magazine du 11 mars 2016, qui dévoile des extraits de son autobiographie Spèrme.](https://static1.purepeople.com/articles/5/17/53/45/@/2129200-michel-polnareff-se-met-a-nu-dans-le-par-580x0-2.jpg)
![Purepeople](https://static1.purepeople.com/build/pp_fr/logo_brand_ads.0d8e500d.png)
"Spèrme". Avant même de jaillir en librairies le 24 mars (aux éditions Plon), l'autobiographie de Michel Polnareff avait déjà, d'un simple mot et d'un titre pas si simple, de quoi faire rougir le public - de gourmandise ou de désapprobation. Promesse, à 71 ans, d'une vérité effrontément crue. Confirmation, avec de premiers extraits publiés par Le Parisien Magazine, en date du 11 mars 2016.
Au-delà du mot-valise et de ce qu'il dit du goût de l'artiste pour l'humour alambiqué (ses abonnés Facebook en savent quelque chose), la typographie du titre de l'ouvrage, en lettres rouges et blanches, mettent en relief le "père" et laissent de côté les lettres "s" et "m". Et il y a effectivement quelque chose de sado-masochiste, pour l'interprète de Kama Sutra, à parler de paternité, entre un père qui l'a malmené et l'a mis à la rue, et un fils qu'il a accouché pour découvrir ensuite qu'il n'est pas de lui...
J'ai payé les pots que je n'avais pas cassés
Avec le goût de la tournure élégante, mais aussi du bon mot et de la pirouette littéraire, qui agissent comme des aiguillons ravivant les affres passés, Michel Polnareff raconte ce père dont il dit n'avoir "connu que la menace des représailles et leur cuisante expression" : "Mon père m'a mené la vie dure et m'a refusé l'enfance. Il a toujours attendu de moi la perfection et je me suis ingénié à le satisfaire dès mes 4 ans : dix heures quotidiennes face au clavier (du piano)", se remémore-t-il au sujet de Leib Polnareff, alias Léo Poll, nom de scène sous lequel il fut compositeur pour Edith Piaf, Georges Guétary et Danielle Darrieux. Et de fait, le petit Michel, interdit "de jouer dans la rue avec les autres gosses du quartier" par crainte paternelle des microbes et des mauvaises manières, fut "le premier en tout" dans son "école de privilégiés sans en avoir les moyens", le cours Hattemer Prignet, qui "réunissait le gratin de la descendance aisée". Mais...
"Durant toute ma jeunesse et plus tard encore, j'ai payé les pots que je n'avais pas cassés. En parlant de pot cassé...", poursuit-il : il relate alors ce jour où, "invité à une party" chez une amie mais dépourvu d'argent de poche, il demanda à son père d'acheter un bouquet de fleurs ; Leib rentra avec un cactus, Michel se montra sceptique... et dut "esquiver l'obus à pointes qui termina son séjour terrestre avec son pot contre le mur". "Heureusement, je ne l'ai pas pris en pleine figure, j'aurais pu perdre la vue sans attendre ma cataracte", trouve le moyen d'ironiser l'Amiral, qui assure n'avoir plus adressé la parole à son géniteur pendant trois ans après cet incident. "Mais nous étions-nous jamais vraiment parlé ?", s'interroge-t-il ensuite. A lire la suite, on peut légitimement supposer que non : "Mon père m'a systématiquement interdit tout ce qui pouvait nourrir mon plaisir, mon inspiration."
Mes trois hivers à la belle étoile
Etouffé, Michel Polnareff finit par quitter le domicile familial, où "on vivait comme si on était pauvre alors qu'on ne l'était pas". Une décision bien aidée... "Mon père avait eu la délicate attention à me demander un loyer pour continuer à vivre chez lui ! Ça a été un grand choc, car tout d'un coup, je découvrais la vraie vie. Complètement déboussolé et sans le sou, j'étais resté treize jours sans manger. Je n'avais fait que boire de l'eau. Moi qui n'étais déjà pas bien épais, je faisais peur à voir. Je dormais dans les stations de métro (...) Je me faisais régulièrement embarquer par la police (...) J'expliquais toutefois à mes geôliers que tout cela n'était que provisoire : "Un jour, je serai une vedette." Je le savais. (...) Je ne regrette rien car j'ai beaucoup appris pendant mes trois hivers à la belle étoile", relate-t-il en retrouvant au passage "la chaleureuse bouche de métro Lamarck-Caulaincourt", "les curés du Sacré-Coeur (qui en manquaient cruellement)" ou "la petite pâtissière de la Butte".
A propos de son père Leib, "a-t-il été aussi dur avec son premier fils, Boris ?, se demande encore l'interprète de Love me, please love me : "Nous n'avons pas eu l'occasion d'en discuter, mon demi-frère étant trop occupé à me malmener, lui aussi, les rares fois où il venait rue Oberkampf (...). Après nos retrouvailles, il est mort en Bulgarie le 10 août 2013, à l'âge de 91 ans. Je ne suis pas allé à son enterrement."
Ma mère non plus n'a pas connu le bonheur
Il n'est pas allé non plus à celui de sa mère, Simone. "La seule personne qui me connaissait et m'aimait vraiment tel que je suis allait ainsi disparaître et me quitter", enrage-t-il en se rappelant comment la réalité de sa mort imminente l'a frappé : "Mon père m'avait caché la gravité de son cancer, qui s'était généralisé. Je ne voulais pas y croire et encore moins l'accepter. (...) Je voulais croire que moi, j'avais les moyens de la sauver. J'avais loué le jet privé de Liz Taylor pour l'emmener voir les plus grands spécialistes européens. (...) Partout où nous étions reçus, la même sentence : trop tard. Ça me rendait fou de colère tant mon chagrin était immense." Proche "sans grandes effusions" de sa maman au "regard bienveillant", l'Amiral entretenait avec elle une forme de solidarité : "Si je n'ai pas eu une enfance très heureuse, ma mère non plus n'a pas connu le bonheur. Notre dénominateur commun était mon père, avec qui il n'était pas facile de vivre."
"Je ne sais pas à quel âge est morte ma mère, je n'ai jamais connu son âge, poursuit Michel Polnareff, qui, lui, avait à peine 30 ans lorsque le décès de Simone est survenu. Elle était belle. Très belle. La maladie avait emporté sa beauté. Pas son sourire. La dernière fois que je l'ai vue, c'était à la clinique où j'avais perdu son sourire. Quand j'étais entré dans sa chambre, je pensais m'être trompé d'étage, car cette dame ne ressemblait pas à ma mère. Et pourtant... La maladie avait pris ma mère avant que la mort ne l'emporte définitivement."
Dans Spèrme, aux titres de chapitres fleuris (La pudeur n'est pas dans le cul mais dans la tête, C'est grave de s'obliger de ressembler à tout le monde ou Je n'ai pas peur de la mort, je n'y crois pas !), Michel Polnareff réfléchit et se confie également sur sa propre paternité, contrariée et finalement assumée : il a lui-même accouché Louka le 28 décembre 2010, et n'a appris qu'ensuite de sa compagne Danyellah qu'il n'en était pas le père biologique et qu'elle avait fait appel à un donneur anonyme. Face à ce qu'il considérait comme une trahison, l'artiste blessé avait mis fin à leur relation. Le couple s'était finalement retrouvé et Michel Polnareff avait adopté l'enfant.