Lundi 27 octobre, Michel Polnareff était à l'honneur sur France 3 dans un très beau documentaire imaginé par sa compagne Danyellah, écrit par son ami Fabien Lecoeuvre, spécialiste de la chanson française, et Laurent Abrial, et réalisé par Fabrice Laffont. Dans Quand l'écran s'allume, le très rare Polnareff se raconte comme jamais, évoque sa formidable carrière et les coups durs de la vie qui ont émaillé son parcours d'homme et d'artiste.
L'un des grands moments de ce reportage, c'est lorsque Michel Polnareff évoque son enfance difficile, l'éducation très rude de son père, si bien qu'aujourd'hui, le chanteur veut offrir à Louka (3 ans) - le fils de Danyellah, que Michel a adopté - tout l'amour dont il a manqué lui, par le passé. Dans une autre séquence, il revient sur cette affiche mythique annonçant son spectacle Polnarévolution en 1972 et sur laquelle il pose en montrant ses fesses. Une plaisanterie qui a finalement tourné au drame.
Alanguie en robe du soir sur le piano de son homme, Danyellah lui demande alors pourquoi il a montré ses fesses : "Je crois qu'il faut qu'on montre ce qu'on a de plus beau. (rires) On a appelé ça une provocation. C'est vrai que je savais que ça ne passerait pas inaperçu. C'était le but puisque je faisais l'Olympia et je voulais en fait faire un coup de pub. J'étais dans le studio avec le photographe et je lui ai dit que je voulais faire quelque chose de différent. Quelque chose qui fasse du bruit.... J'ai fait sauter certaines barrières en faisant ce coup de publicité qui, aussi, a aggravé ma situation financière." Victime d'un escroc, l'artiste n'a plus un sou. Pour avoir montré ses fesses, il est condamné par le tribunal correctionnel à une amende de 10 francs par affiche. En tout, ce sont 60 000 francs que doivent sortir des poches, vides, de Michel Polnareff. Ce coup dur précipite son départ aux Etats-Unis. "Le truc qui me gonfle grave, c'est cette histoire d'exil fiscal. Je suis parti de France, pas du tout parce que je trichais avec mes impôts et que je ne voulais pas les payer, mais tout à coup parce que je ne pouvais pas les payer", explique le chanteur, qui souligne que l'administration des impôts a mis "dix-huit ans" à reconnaître qu'il n'était "pas responsable d'avoir été escroqué".
Celui à qui il doit la vue
Plus loin dans le documentaire, on rencontre l'ophtalmologiste Alain Hagège. On le sait, Polnareff a une très mauvaise vue, d'où ses lunettes blanches devenues sa signature. Ce que l'on sait moins, c'est la peur derrière qu'elle dissimule. Le docteur Hagège raconte : "J'ai rencontré Michel Polnareff il y a 20 ans quand il était à l'hôtel Royal Monceau. Il m'a confié qu'il a eu toujours peur, depuis qu'il est petit, d'être aveugle un jour. Il a failli l'être s'il n'était pas opéré. Il a retrouvé la vue et on est resté en contact assez régulièrement comme s'il avait peur que les choses s'arrêtent. C'est vrai que pour Michel, c'était une résurrection ; il a retrouvé la vue mais c'est comme s'il n'y croyait pas et qu'il pensait que ça n'allait pas durer." La situation est critique, l'opération est très risquée mais s'il ne l'avait pas faite, le chanteur se serait retrouvé dans une situation irréversible. "Je suis rentré au Royal Monceau, je me suis regardé dans un miroir. À ça de près, dit-il en avançant sa main à 5 centimètres de son visage. Parce que je ne voyais vraiment plus rien. Je me suis dit, Michel, t'es une merde si tu ne le fais pas." De cet épisode, Michel Polnareff garde un souvenir vibrant et c'est avec beaucoup de reconnaissance envers son médecin qu'il ajoute : "Il y a des gens à qui on doit la vie, il se trouve que moi j'ai rencontré quelqu'un à qui je dois la vue."
Et maintenant ? Après ses concerts de 2007 – un véritable triomphe –, Michel Polnareff prévoit enfin de ressortir un album tandis que 25 ans se sont écoulés depuis Kâmâ Sûtrâ, le dernier. Après la publication d'un teaser, la maison de disques Polydor/Universal vient d'annoncer le report de ce nouveau disque à 2015 au lieu de fin 2014, "au nom de la qualité et des impératifs techniques", confirme l'artiste.