Le procès des "cols rouges" de Drouot s'est ouvert ce 14 mars à Paris mettant en lumière une affaire de vols à grande échelle, rapporte l'AFP. Récupération ou vol ? Le tribunal devra trancher. Le procès est prévu jusqu'au 4 avril. Et les filles du mime Marcel Marceau sont très en colère...
Cinquante prévenus, trois semaines d'audience : le procès d'une affaire de vols à grande échelle dont sont accusés des "cols rouges" chargés du transport et de la manutention des objets destinés à être vendus à Drouot, s'est ouvert lundi à Paris.
Selon Me Léon Lef Forster, qui défend neuf "Cols rouges", un "grand nombre d'entre eux récupéraient des objets non-listés" lors des inventaires qui étaient abandonnés. "Tout le monde y trouvait son compte", a-t-il déclaré à la presse avant l'audience, et l'on a voulu "supprimer un monopole", celui de l'Union des commissionnaires de l'Hôtel des ventes Drouot (UCHV).
Pour l'accusation, l'enquête a mis au jour un système institutionnalisé de vols, qui aurait duré pendant des dizaines d'années au sein de la corporation, voire 150 ans. En raison du délai de prescription, ne sont poursuivis que les faits commis entre février 2006 et février 2009, quand l'enquête a commencé, à la suite d'un renseignement anonyme.
Les perquisitions ont permis aux enquêteurs de mettre la main sur des montagnes d'objets anciens, évaluées à 250 tonnes, et des trésors. Les commissionnaires mettaient de côté les biens non-répertoriés dans l'inventaire du commissaire-priseur, avant de les entreposer à Drouot ou dans leurs containers à Bagnolet. Quitte parfois à "les mettre au vert" le temps qu'ils soient oubliés. Ils étaient ensuite vendus aux enchères. Les commissaires-priseurs sont ainsi accusés d'avoir mis sur pied une "filière d'écoulement des objets volés par les commissionnaires".
Les successions allaient de ce que les commissionnaires appelaient les "petites mémés", expression qui désignait les successions de personnes seules, aux liens distendus avec leurs héritiers, à la succession du mime Marceau, mort en 2007.
Arborant la fleur rouge qu'il portait à son chapeau, ses filles Aurélia et Camille ont fait part, en marge de l'audience, de leur sentiment d'avoir été "trahies", "flouées" par ces Savoyards qui leur avaient été présentés comme "la crème de la crème". Selon elles, "presque 20 mètres carrés" d'objets ont été volés, le fruit de "toute une vie de voyages".
"Notre père conservait toute sa vie, son oeuvre, ses tableaux, ses souvenirs de voyages dans une maison. Sauf que le jour où nous avions voulu récupérer les invendus, nous avons récupéré trois cartons, quatre affiches. Notre colère a éclaté, nous avons compris que nous avions été flouées", ont déclaré sur France Info les deux héritières de l'acteur muet décédé en 2007.