L'homme d'affaires égyptien Mohamed Al-Fayed, père du dernier amant de la princesse Diana, est décédé à l'âge de 94 ans, a annoncé sa famille vendredi dans un communiqué. "Mme Mohamed Al Fayed, ses enfants et ses petits-enfants souhaitent confirmer que son époux bien-aimé, leur père et leur grand-père, Mohamed, est décédé paisiblement de vieillesse le mercredi 30 août 2023", a indiqué sa famille dans un communiqué publié par le club de foot de Fulham FC, ancienne propriété de l'homme d'affaires. "Il a connu une retraite longue et épanouie entouré de ses proches. La famille a demandé que leur vie privée soit respectée pour le moment", a ajouté la famille.
Mohamed Al-Fayed est décédé la veille de l'anniversaire de la mort de son fils Dodi avec la princesse Diana dans un accident de voiture à Paris, le 31 août 1997.
Après la mort du couple, qui avait provoqué la sidération dans le monde en raison de l'immense popularité de Diana, Mohamed Al-Fayed avait affirmé à plusieurs reprises qu'ils avaient été assassinés dans le cadre d'un complot de l'establishment britannique. Il a accusé la reine Elizabeth II et son époux le prince Philip d'avoir commandité l'accident de voiture mortel.
La relation du milliardaire avec la famille royale britannique a été récemment décrite dans la saison cinq de la série The Crown, sur Netflix. On l'y voit tenter de se rapprocher de la reine, puis faire la connaissance de Lady Di.
Devenu mécène pour de multiples oeuvres de charité royales, Mohamed Al-Fayed a officié comme sponsor du Royal Windsor Horse Show, une compétition équestre pilotée par les Windsor et c'est au cours de ces concours que l'homme d'affaires égyptien a fait la connaissance de Lady Di. En 1997, il invite celle qu'il apprécie beaucoup, parce qu'elle représente une "outsider" comme lui, sur son yacht. Lors de ces vacances et alors que cela fait un an qu'elle est séparée du prince Charles, la maman des princes William et Harry fait alors la rencontre de Dodi Al-Fayed. Elle tombe alors amoureuse du producteur de cinéma, une histoire qui prend finalement fin brutalement le 31 août 2017 sous le pont de l'Alma à Paris.
Mohamed Al-Fayed, homme de bagout mêlé à de nombreuses affaires douteuses, aux vestons multicolores, a passé une grande partie de sa vie en Grande-Bretagne mais à sa grande frustration, s'est vu refuser la nationalité britannique plusieurs fois. En 2000, la justice prétexta même "un problème général de caractère".
Né le 27 janvier 1929 dans une banlieue modeste d'Alexandrie, il était fils d'instituteur. Il a commencé sa vie professionnelle comme vendeur de limonade puis comme démarcheur en machines à coudre. C'est sa rencontre avec Adnan Kashoggi, le futur marchand d'armes saoudien, qui a changé sa vie. Drôle, charismatique, il séduit sa soeur Samira avec qui il se marie en 1954. De cette courte union de quatre années, naît Emad el-Din, dit "Dodi".
Son beau-frère l'associe à l'une de ses entreprises d'exportation de meubles en Arabie saoudite. De retour en Egypte, il fonde sa compagnie maritime avant de devenir en 1966 le conseiller financier du sultan de Brunei, l'un des hommes les plus riches du monde.
Contraint de quitter l'Egypte après les nationalisations de Nasser, il s'installe à Londres au début des années 60. Entremetteur dans de nombreuses transactions, il est rapidement à la tête d'une coquette fortune qui lui permet d'acheter à Paris en 1979 le Ritz, avec son frère Ali.
Après une bataille acharnée, les deux compères acquièrent en 1985 Harrods au nez et à la barbe de Tiny Rowland, un autre requin des affaires, qui les accusent d'avoir racheté cette institution britannique avec les capitaux du sultan de Brunei. Une enquête conclura en 1990 que les frères Fayed ont menti sur leurs véritables ressources financières.
Cinq ans plus tard, la nationalité britannique lui est refusée. De cette humiliation, Mohamed al-Fayed va se venger. Il affirme haut et fort avoir versé des pots de vin à deux députés du Parti conservateur et entraîne la chute d'un ministre.
Considéré comme un paria à Londres, on lui déroule au contraire le tapis rouge à Paris. Amoureux des vieilles pierres, il restaure à grands frais l'hôtel particulier des Windsor dans le bois de Boulogne que la Ville de Paris lui loue pour une concession de 25 ans en 1986. Jacques Chirac lui décerne la légion d'honneur et Roland Dumas l'élève au rang d'officier.
Au Ritz, où il possède son appartement particulier, il aime recevoir le tout-Hollywood et fait preuve de générosité et de fidélité envers le personnel. Attaché au luxe à la française, il finance en 2012 une restauration somptueuse du palace estimée à 140 millions d'euros.
L'homme d'affaires qui rêvait de reposer dans un mausolée en verre sur le toit de Harrods finit par vendre le grand magasin au Qatar en 2010. Le montant, resté secret, tournerait autour de 1,7 milliard d'euros, soit plus du double de sa mise de départ.
Après trente-cinq ans en Grande-Bretagne, il s'installe pour quelques mois à Genève puis à partir de 2004 à Monaco, havre de paix pour grosses fortunes.
Mohamed Al-Fayed, qui a eu quatre autres enfants avec le mannequin finlandais Heini Wathen, a soutenu de nombreuses oeuvres de charité pour les enfants. En 2017, il pesait 1,86 milliard de dollars. Il était le 959e homme le plus riche du monde, selon le classement Forbes.