Le XV tricolore est en finale de la Coupe du monde de rugby. Une place en finale inattendue au vu du niveau de jeu affiché par les troupes de Marc Lièvremont tout au long de la compétition.
Face à de jeunes et enthousiastes Gallois, la presse sportive avait prédit l'enfer aux Bleus. Mais le XV du Poireau, réduit à quatorze après un plaquage dangereux de son capitaine Sam Warburton sur Vincent Clerc, n'aura pas réussi à battre les Français, auteurs d'une grosse performance en défense et qui paradoxalement n'auront jamais réussi à imposer du jeu en supériorité numérique.
9-8 et une place en finale face aux favoris de la compétition, les invaincus et invincibles All Blacks, vainqueurs de leur demi-finale face aux Australiens (20-6), seront les seules choses à retenir d'un match oppressant et stressant jusqu'à la dernière minute, avec une transformation sur l'extérieur de la perche et une pénalité qui passe sous les poteaux, pour les Gallois... Au coup de sifflet final, les Français ont pu pousser un ouf de soulagement, tomber dans les bras les uns des autres et aller fêter leur succès avec leurs supporters massés dans les tribunes de l'Eden Park d'Auckland.
"La pire équipe du monde"
Pourtant, la plupart des observateurs ne donnent aucune chance au XV du Coq face aux Néo-Zélandais, certains parlant même d'une insulte faite au rugby... Le New Zealand Herald, qui n'en est plus à une insulte près envers les Tricolores, titre ainsi son papier principal : "La France insulte la finale", alors que son confrère du Herald Sunday présente une couverture avec deux joueurs néo-zélandais hilares, et un titre évocateur : "80 minutes et nous rigolons". Au Pays de Galles, on parle dans la presse d'une "injustice", d'une "tragédie" alors que "Les Français étaient faibles".
Du côté des joueurs, la pilule ne passe pas non plus. "La France était pauvre et va se faire écraser en finale", assure ainsi Mike Phillips. Même son de cloche chez Shaun Edwards, l'entraîneur de la défense galloise, qui parle lui "d'une farce", avant de souhaiter "bonne chance" aux Français, tout en embrassant son anneau porté à la main droite, un geste symbolique très peu sympathique, voir insultant pour les Bleus. Quant à François Pienaar, emblématique capitaine de l'Afrique du Sud championne du monde en 1995, il qualifie simplement le XV tricolore de "pire équipe du monde".
Les Tricolores critiqués de l'intérieur
Des attaques dont ne se soucie guère Marc Lièvremont. Bien au contraire. Selon lui, les diatribes de la presse et des adversaires ne font que renforcer la cohésion du groupe. Pourtant, Marc Lièvremont n'est pas tendre avec ses joueurs. Dimanche matin, en conférence de presse, le sélectionneur a tiré à boulets rouges sur ses troupes après avoir révélé s'être couché de mauvaise humeur : "J'avais demandé aux joueurs de ne pas sortir et j'ai appris que certains étaient sortis. On en a parlé ce matin. Et je leur ai dit ce que je pensais d'eux. A savoir que c'étaient des salles gosses indisciplinés, désobéissants et égoïstes parfois. Toujours à se plaindre, à râler. Ils me les cassent depuis quatre ans, mais en même temps, on est en finale."
Une sortie surprenante de la part d'un homme qui depuis quatre ans reste insaisissable pour la presse. Après leur match face aux Gallois, les Bleus n'avaient sans doute pas besoin de ça. Mais Marc Lièvremont a rapidement tenté de désamorcer la bombe lâchée quelques minutes auparavant : "Ce n'est pas trop grave. Cette soirée, c'est un détail. Ce ne sont pas quelques clopes fumées en cachette, deux ou trois bières ou un dessert en plus qui vont nous handicaper pour la finale. On n'en est plus là."
Rebelote dans l'après-midi, le sélectionneur est une fois de plus revenu sur ses déclarations, évoquant cette fois-ci l'humour : "C'était bien évidemment de l'humour. Je dis ça avec une grande affection. Ils sont pénibles, oui, mais attachants. Ils ont su se reprendre, pour le meilleur j'ose espérer."
Réponse dimanche prochain à 10h...