Ce 25 octobre 2022, Annie Girardot aurait eu 91 ans. Mais son destin sera différent, elle est partie en 2011, des suites de la maladie d'Alzheimer dont elle souffrait depuis plusieurs années. Immense actrice à la carrière longtemps mésestimée par le cinéma français, elle a eu une fille avec l'acteur de Rocco et ses frères, Renato Salvatori. Sur les ondes d'Europe 1 il y a onze ans, elle était revenue sur les derniers instants de sa maman, entre pudeur et sincérité.
"Ça s'est passé superbement bien. Elle était avec moi et avec ma fille. Elle a fermé les yeux, elle nous a dit 'au revoir' et elle est partie paisiblement", racontait Giulia Salvatori. "C'est la plus belle chose qui pouvait lui arriver. Ça a été très dur pendant plus de dix ans, et on voit dans son visage que c'est un soulagement. C'est peut-être dur à dire, mais je me sens sereine parce qu'elle ne souffre plus", avait-elle déclaré.
Dans son livre Annie Girardot, la mémoire de ma mère (éditions Michel Lafon), Giulia Salvatori revenait sur les souffrances provoquées par la maladie d'Alzheimer, pour les malades comme pour leur entourage : "Les gens qui ont Alzheimer basculent dans un autre monde, leur monde. C'est dur à vivre pour les proches mais la seule chose à faire est de s'adapter à ce monde, d'essayer d'y entrer pour communiquer." La grande actrice a vécu dans un établissement spécialisé auprès de son frère, lui aussi atteint du même mal. "Leurs chambres sont juste en face. Jeannot est plus âgé, mais il est moins atteint que maman. Il a toujours un oeil sur sa petite soeur, la protège. Tous les deux parlent de Magi, leur mère", racontait à l'époque la fille de l'artiste.
Je ne sais pas si j'ai manqué au cinéma français...
Dès les années 1950, Annie Girardot a tourné avec les plus grands noms du cinéma français, mais aussi italien et a décroché en 1977 le César de la meilleure actrice pour Docteur Françoise Gailland. Elle s'est illustrée magnifiquement La Pianiste de Michael Haneke, remportant le César du meilleur second rôle, qu'elle avait déjà obtenu pour Les Misérables de Claude Lelouch. On se souviendra de ses larmes et de son bouleversant discours quand elle est venue chercher ce prix sur scène en 1996 : "Je ne sais pas si j'ai manqué au cinéma français, mais à moi le cinéma français a manqué follement, éperdument, douloureusement. Votre témoignage me fait penser que peut-être, je dis bien peut-être, je ne suis pas encore tout à fait morte."