Cesaria Evora nous a quittés samedi 17 décembre 2011. La Diva aux pieds nus s'est éteinte à l'âge de 70 ans dans un hôpital de son île natale de Sao Vicente dans l'archipel du Cap-Vert, où elle avait été admise vendredi. Très affaiblie depuis des mois, l'artiste avait du renoncer à sa carrière en septembre dernier. Elle sera enterrée la semaine prochaine à Mindelo, ville principale de son île, alors que son gouvernement a décrété samedi un deuil national de 48 heures. Ici, ou ailleurs, les hommages se multiplient.
Bernard Lavilliers qui avait enregistré un duo avec Cesaria Evora s'est souvenu d'une artiste "unique" sur RMC et France Inter, d'une voix rare et de son humour : "C'est pas une voix traficotée qui ferait du blues parce que c'est la mode. (...) Elle avait beaucoup d'humour et elle draguait les garçons. On a dansé ensemble à Paris dans le XVIIIe, elle me dit, en portugais : 'Tu peux me serrer plus fort, les vieilles, ça s'accroche pas'."
"Sodade pour tous les amoureux de la musique", a déclaré samedi Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, en hommage à la chanteuse. "Le succès de Cesaria Evora, c'est aussi le symbole d'une profonde amitié franco-capverdienne", affirme le ministre, rappelant que la chanteuse a commencé sa carrière internationale "par la fulgurance de sa percée auprès du public français" dans les années 90. "Aujourd'hui, la France partage sa peine avec le Cap-Vert, qui vient de perdre une personnalité majeure de son rayonnement artistique international".
Bertrand Delanoë n'oublie pas "que c'est Paris qui a d'abord reconnu son talent et a été pour elle la porte du monde et du succès". "Les Parisiens sont fiers de cet honneur qu'elle leur a fait et cette affection entre Paris et Cesara Evora est ce soir plus forte encore", écrit le maire de Paris. Cesaria Evora a donné son dernier concert français à Paris le 27 avril dernier au Grand Rex.
Pour Jack Lang, ancien ministre de la Culture, Cesaria Evora était une icône : "La disparition de la divine Cesaria Evora bouleversera le coeur de tous ceux qui ont découvert par la magie de son art la beauté de la musique capverdienne qu'elle a su admirablement métamorphoser", écrit-il dans un communiqué. "Elle est devenue une sorte d'icône incarnant la libération culturelle dans les pays du sud, la saudade capverdienne et la solidarité avec les plus démunis", écrit l'ancien ministre.
Le ministre de la Culture du Cap-Vert, Mario Lucia Sousa, lui-même chanteur ayant enregistré un album avec Cesaria Evora et avec laquelle il se trouvait il y a dix jours, a dit avoir perdu "une grande amie" dont il était "très proche". Il l'a remerciée pour "l'héritage qu'elle nous a laissé" et promis que toutes les oeuvres de la chanteuse seraient réunies et publiées, y compris les inédits.