Réalisateur engagé, cinéaste marginal et reconnu, François Dupeyron est mort, a-t-on appris de l'AFP, des suites d'une longue maladie selon sa famille. Il avait 65 ans.
Auréolé de plusieurs prix dans le domaine du court métrage (César du meilleur court métrage documentaire pour La Nuit du hibou en 1985, César du meilleur court métrage de fiction pour Lamento en 1989), François Dupeyron avait signé Drôle d'endroit pour une rencontre, son premier long, porté par le duo Catherine Deneuve - Gérard Depardieu. Il obtient quatre nominations aux César du cinéma et voit sa carrière décoller. Après Un coeur qui bat (dans lequel il dirige sa compagne Dominique Faysse), puis La Machine (où Gérard Depardieu croise sa fille Julie), suivi de C'est quoi la vie?, François Dupeyron signe son plus grand succès cinématographique avec La Chambre des officiers. Adaptation du roman éponyme de l'auteur Marc Dugain, ce film bouleversant rend hommage aux gueules cassées de la Première Guerre mondiale. Devant la caméra, Eric Caravaca excelle, donnant la réplique à Denis Podalydès, Sabine Azéma et Géraldine Pailhas. Le film, qui était en course à Cannes, recevra deux César dont un pour André Dussollier, sur neuf nominations.
Deux ans plus tard, Dupeyron revient à quelque chose de plus léger avec Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, où il dirige la légende Omar Sharif, qui glanera le César du meilleur acteur en 2004. En 2008, il réalise Aide-toi, le ciel t'aidera, avant de prendre, l'année suivante, la direction de Trésor à la suite des problèmes de santé de Claude Berri. Un film dont il achevera le tournage après la mort du mythique cinéaste, survenue le 12 janvier 2009. Mathilde Seigner et Alain Chabat s'y donnent la réplique, et le film séduit plus de 600 000 spectateurs en salles.
Enfin en 2013, il revient avec son dernier long métrage, Mon âme par toi guérie, porté par les deux jeunes acteurs Grégory Gadebois et Céline Sallette. À l'époque, c'est un homme fatigué par les luttes internes et les coups de sape en coulisses qui se confiait : "Lorsqu'on a centré toute sa vie sur le cinéma et que l'on constate que l'on vous a refusé huit scénarios de suite, on se sent déchiré, mais on arrête. Je ne peux pas aller contre : si on ne veut pas de moi, eh bien tant pis ! La sortie de Mon âme par toi guérie me fait évidemment du bien, mais je me sens quand même 'cassé'", déclarait-il au quotidien La Croix. Il ne réalisera plus rien jusqu'à son décès, survenu ce 25 février.