En 1967, Jean-Luc Godard rencontre Anne Wiazemsky, sur le tournage du film de Robert Bresson Au hasard Balthazar. Le réalisateur a 34 ans à cette époque, la lycéenne et petite-fille de l'écrivain François Mauriac en a 18. Si elle a repoussé ses avances au premier abord, elle lui écrit une lettre peu après, une déclaration d'amour qui va lancer le début de leur relation. Dans son livre Une année studieuse, elle avait raconté sa relation avec le cinéaste franco-suisse qui vient de nous quitter à 91 ans, livrant en détails son couple dans ses moments les plus intimes. L'Obs avait publié des extraits de son ouvrage.
Romancière acclamée, Anne Wiazemsky a utilisé sa plume pour revenir sur son mariage avec Jean-Luc Godard. Dans les pages d'Une année studieuse, elle fait le récit de leur première nuit : "Nos corps s'étaient immédiatement accordés, 'trouvés', comme il me le dira plus tard. Je réalisais que je venais de faire vraiment l'amour pour la première fois de ma vie, que j'aimais ça. Un monde de plaisir s'ouvrait devant moi, grâce à cet homme qui m'aimait et que j'aimais. La gratitude, l'envie de l'embrasser, de mieux connaître son corps, de tout lui donner du mien, tout cela m'étourdissait."
Mais si l'idylle est puissante, elle est aussi controversée. À cette époque, Anne Wiazemsky est mineure et de nombreuses années séparent les amoureux. Sa mère Claire Mauriac n'est pas enchantée par leur couple, appelant le compagnon de sa fille "monsieur". Un soir où il s'apprête à emmener dîner sa jeune bien-aimée, sa mère s'oppose avec violence : "Je vis alors dans ses yeux le dégoût qu'il lui inspirait. Un dégoût radical et définitif. Même lui serrer la main lui demanda un effort." Se sentant humiliée d'être traitée comme une fillette, elle retient la réaction du cinéaste, choisissant l'humour : "C'est compliqué d'aimer une mineure ! Ta mère finira par s'y faire."
Leur romance se poursuivra par un mariage en petit comité en 1967 à Begnins en Suisse. Cependant, les événements de mai 1968 transforment l'homme qui l'a dirigée dans La Chinoise en jeune révolutionnaire. Profondément marqué par le changement que connaît la France à cette époque, Jean-Luc Godard a du mal à concilier sa pensée et ses relations avec les autres. Quand il la retrouve sur un tournage de Pasolini en 1969, les tensions sont nombreuses et ils finissent par divorcer un an après.