Journaliste français de presse écrite et chroniqueur de radio et de télévision, notamment de l'actualité théâtrale, Philippe Tesson est mort à l'âge de 94 ans annonce Le Figaro, média pour lequel il travaillait. Il est décédé dans la soirée du mercredi 2 février 2023 chez lui, "paisiblement et entouré de ses enfants", a indiqué sa famille jeudi matin au journal. Fondateur en 1974 du Quotidien de Paris, il était propriétaire de la maison d'édition L'Avant-scène théâtre et de sa revue du même nom, ainsi que du théâtre de Poche-Montparnasse à Paris. Epoux de Marie-Claude Tesson-Millet (1942-2014), il est le père de l'écrivain voyageur Sylvain Tesson, de la metteur en scène et dramaturge Stéphanie Tesson et de la journaliste Daphné Tesson.
Le Figaro, très ému par la disparition de Philippe Tesson, revient sur le riche parcours de ce passionné de théâtre, grand connaisseur de Shakespeare. "Drôle, lumineux, cultivé, il appréciait autant de plaire que déplaire. Ses tirades enflammées allumaient des étincelles, sa curiosité des êtres et des choses ouvrait la vie comme une fenêtre", écrit le quotidien.
Originaire de Wassigny en Belgique, Philippe Tesson est né le 1er mars 1928. Venant d'une famille bourgeoise classique - son père était notaire -, il a fait preuve dès son plus jeune âge d'une "insolente liberté et son indépendance", ne se comportant "jamais qu'en aristocrate". Après la Seconde Guerre mondiale, il est entré à Sciences Po pour faire une thèse sur le romantisme allemand. Il est secrétaire des débats parlementaires à l'Assemblée nationale lorsque le puissant patron de presse Henri Smadja lui propose de travailler avec lui.
À 32 ans, Tesson a dirigé Combat, le quotidien issu de la Résistance. Celui qui a été 32 fois convoqué devant la 17e chambre correctionnelle de Paris pour offense au chef de l'État a ensuite lancé Le Quotidien de Paris, publication qui manie l'art de polémiquer. Quand sa publication doit déposer le bilan en 1994, il se consacre à son premier amour, le théâtre. Critique au Figaro Magazine, après l'avoir été au Canard enchaîné, Tesson a écumé les salles de théâtre. Invité sur les plateaux de télévision, à la radio, il prit l'habitude de faire le spectacle, débordant sur le terrain politique et celui des idées, notamment par ses propos sur Dieudonné.
Le Figaro se souvient aussi des drames qui ont marqué son existence : "Dans la nuit du 7 mai 2014, son épouse, Marie-Claude, fut emportée par une embolie pulmonaire. L'été suivant, Sylvain frôlait la mort à Annecy en tombant d'un toit. En janvier dernier, hospitalisé, émergeant d'une réanimation dont ses proches pensaient qu'il ne reviendrait pas, Philippe Tesson eut cette ultime réplique : ' Je ne suis pas né pour mourir'."