Avant Romane Bohringer, Marina Foïs, Karin Viard et quelques autres, Muriel Robin était la première des actrices à chanter son désespoir dans Le Bal des actrices (2009), un chant du cygne coloré où Maïwenn filmait les failles derrière le maquillage des actrices. Dans un trouble jeu avec la réalité, elle incarnait un clown désemparé, incapable de de se détacher de son étiquette comique.
Trois ans plus tard, Muriel Robin est apparue dans On ne choisit pas sa famille, une comédie de Christian Clavier, Hollywoo, une autre comédie avec Florence Foresti, et Le Paradis des bêtes, une comédie dramatique sur la violence parentale où elle interprète une femme "odieuse".
Ce contre-emploi peut sonner comme une nouveauté et, pourtant, Muriel Robin s'est déjà dévoilée sous un jour nouveau avec sa nomination aux César pour Marie-Line (1999) et le téléfilm Marie Besnard, l'empoisonneuse (2006). Deux rôles torturés et durs qui restent pourtant des exceptions dans sa carrière, encore dominée par les spectacles sur scène.
Dans l'habituel Face aux lecteurs de Studio Ciné Live, qui propose chaque mois à des cinéphiles de rencontrer un acteur de l'actualité, Muriel Robin explique qu'elle n'occupe "aucune" place dans le cinéma français : "Soyons réalistes, j'ai tourné quatre films en douze ans, c'est maigre. Attention, je ne geins pas, c'est un constat. Un regret aussi. Je ne sais pas trop pourquoi, mais le cinéma et moi, on ne se rencontre pas."
Néanmoins, la comédienne de 56 ans est loin d'être amère : "Le cinéma me fait rêver, il me transporte. Il m'a même aidée à vivre, à une époque. Puis j'aime jouer avec les autres. Seule sur scène, on ne fait que parler, on n'est jamais dans l'écoute. Niveau sujet, c'est aussi très limité. On reste dans l'anecdotique. Or, plus j'avance en âge, plus j'ai besoin d'apporter du fond. Vous me voyez sur scène, dissertant sur la vie, la crise, la société. (...) Muriel Robin a inventé pour vous un nouveau genre de spectacle : le one-man-show où l'on ne rit pas !"
Particulièrement sincère, elle avoue avoir envisagé la scène comme "une bretelle vers le cinéma. Jamais je n'ai imaginé que ça prendrait une telle importance dans ma carrière. (...) Le temps passe, et l'on ne vient toujours pas me chercher. Je n'ai d'ailleurs aucun projet..."
Il reste la possibilité de s'écrire un rôle sur mesure et de défier son image publique, mais là encore, Muriel Robin est honnête : "Aujourd'hui, j'ai envie de susciter le désir. Il y a une chose qui fait beaucoup, beaucoup de bien dans la vie, c'est d'être choisie. Quand une personne vient vous chercher et vous annonce : 'J'aimerais que ce soit toi'. J'ai rempli des Zenith entiers, je suis si heureuse d'avoir la reconnaissance du public. Peut-être qu'un jour, j'obtiendrai celle des scénaristes et des réalisateurs." Une bouteille est lancée.
Le Paradis des bêtes, en salles depuis le 14 mars.
Retrouvez l'interview de Muriel Robin dans Studio Ciné Live, avril 2012.
Geoffrey Crété