Le 12 mai 2018, finale de l'Eurovision à Lisbonne. L'Israélienne Netta s'impose avec son titre Toy et 529 points. Dans quelques semaines, son pays accueillera de nouveaux artistes dont Bilal Hassani, qui représentera la France avec Roi. Dans son édition du vendredi 8 mars 2019, Libération consacre son grand portrait à Netta, qui, depuis sa victoire, s'était faite discrète : "Tout ça, c'était beaucoup trop grand pour moi. Alors je suis restée dans mon cocon huit mois, effrayée par la suite."
Il lui a fallu cette longue pause avant de revenir en janvier avec Bassa Sababa. Le clip est le plus cher jamais produit en Israël (environ 250 000 euros, nous apprend Libé). On y voit Netta, abandonnée devant l'autel par un bellâtre, se venger dans une ambiance cartoonesque et rose bonbon.
Née en 1993 à Hod Hasharon, Netta a grandi au Nigéria. Dans son école réservée aux enfants d'expatriés, elle est acceptée par ses petits camarades et même très populaire. Le retour en Israël est difficile : "Je me suis retrouvée dans une classe de 40 où j'ai découvert que j'étais la grosse chelou à monosourcil avec un accent bizarre."
Quand sa mère l'inscrit dans une chorale, Netta se découvre un talent. Dès lors, elle chantera et fera de la musique. Avant l'Eurovision, c'était les mariages, où sa personnalité et son humour trouvaient leur public. À l'instar de son clip Bassa Sababa, Netta aime ce qui en jette et les vêtements qui l'élargissent, même : "C'est ma façon de dire vous pensez que je suis énorme, mais vous ne savez pas à quel point je peux l'être." Libération raconte comment cette proposition édifiante : une marque de prêt-à-porter israélienne voulait en faire son égérie. Netta aurait adoré mais sa taille n'allait pas être commercialisée. Elle a logiquement refusé.
Avec l'Eurovision, la jeune artiste est entrée dans une nouvelle dimension. Elle chante en Europe devant des milliers de personnes et a même rencontré le prince William. Pour autant, elle vit toujours en colocation avec les mêmes amis. Surtout, elle a dû apprendre à encaisser des attaques d'ordre politique et des appels au boycott. "Je suis israélienne, j'en suis fière, mais je ne suis pas Israël." Dans 20 minutes, elle résumait les choses en ces termes : "Cette victoire m'a ragaillardie et m'a révélé des choses que j'ignorais avoir en moi, notamment combien j'étais forte, pour faire face aux critiques qui ont été nombreuses, par exemple."
En mai, Netta sera de retour sur la scène de l'Eurovision, à domicile cette fois-ci. La finale se tiendra le 18 mai 2019.