En août, Emmanuel Beretta, journaliste au Point, dévoilait le contenu d'une liste noire des animateurs de France Télévisions que Nicolas Sarkozy ne voudrait plus voir à l'antenne. Chaque éviction, chaque nomination soulève le doute sur l'indépendance du service public envers le président.
Le Canard Enchaîné divulgue dans sa dernière édition, en kiosque ce mercredi, que Nicolas Sarkozy aurait confié à un visiteur, il y a deux semaines : "Giesbert ne sera plus sur France 2 en juin prochain." Il s'agit de Franz-Olivier Giesbert, directeur de la rédaction du Point et animateur de l'émission culturelle Semaine critique. Le président l'aurait même qualifié, dans une autre conversation, de "rat d'égout" et "personnage fétide". Il se trouve que Franz-Olivier Giesbert est en bonne place sur la liste noire révélée cet été.
Pour le Canard, le journaliste a provoqué par deux fois la colère de l'hyper président : en s'interrogeant dans Le Point pour savoir si le cas Sarkozy relevait de la psychanalyse et en titrant en une Le président Fillon.
Autre personnalité, qui serait dans la ligne de mire de Nicolas Sarkozy, Patrick Sébastien. Ce dernier a déjà pris les devants en déclarant début septembre : "Mon contrat de télé dure jusqu'en juin, et s'il n'est pas renouvelé, ça voudra dire que cette liste noire existe vraiment, et ce sera la faute du petit, et j'espère que vous ne l'oublierez pas au moment de voter."
Les exemples troublants ne manquent pas. Patrice Duhamel, ancien bras droit de Patrick de Carolis à la tête de France Télévisions, racontait récemment comment Nicolas Sarkozy avait vivement critiqué l'arrivée de Julien Courbet sur le service public et aurait insisté pour que Duhamel reçoive David Hallyday et Cyril Viguier, venus présenter un programme.
Rappelons que Nicolas Sarkozy nomme les directeurs de France Télé et Radio France, depuis la loi de réforme de l'audiovisuel de mars 2009 qui inquiète certains intellectuels. Pour Stéphane Guillon, ces nominations ne sont pas innocentes : "C'était une volonté politique de Nicolas Sarkozy bien conseillé par Claude Guéant de casser France Inter parce qu'ils estimaient que c'était un symbole de la gauche et qu'il fallait pulvériser cette station. Comme Pierre Sled (...) Parce que c'est un intime de Nicolas Sarkozy, il se retrouve propulsé à choisir les programmes de France 3. C'est vraiment la république des copains."