Ce manifeste survient alors que le mandat de Patrick de Carolis à la tête de France Télévisions (FTV) touche à sa fin. Ce dernier dément par ailleurs avoir annoncé le non-renouvellement de son mandat, il est donc potentiellement candidat à sa propre succession.
Comme l'explique Télérama, "la loi de 2009 a rétabli non seulement le fait du prince, mais d'inquiétants liens de sujétion entre l'Etat et les dirigeants de nos chaînes publiques. Ceux-ci pourront-ils agir en toute indépendance d'esprit et gérer leur entreprise librement, sachant, par exemple, qu'ils peuvent être constamment révoqués ?"
Cette loi questionne en effet l'indépendance de France Télévisions si Sarkozy nommait par exemple un proche (un pion ?) à sa tête. En 1982, une loi avait pourtant confié ce pouvoir à la Haute Autorité, puis à la CNCL et enfin au CSA, pour éviter ce genre de dérives. C'est le CSA qui a nommé Patrick de Carolis, un candidat dont ne voulait pas le président. Les rapports entre Sarkozy et de Carolis ont toujours tenu du bras de fer cordial, comme le décrit le journaliste média du Point, Emmanuel Berretta, dans son ouvrage Le hold-up de Sarkozy (Fayard).
L'hebdomadaire culturel donne la liste des 100 signataires de ce manifeste parmi lesquels on trouve d'anciens premiers ministres - Laurent Fabius, Lionel Jospin,... - d'anciens ministres de la Culture - Jack Lang, François Léotard, Catherine Traumann -, des politiques - Martine Aubry -, des journalistes, des écrivains et éditeurs - Frédéric Beigbeder, François Bégaudeau -, des universitaires et des acteurs ou réalisateurs comme Bernard Giraudeau, Pierre Arditi, Cédric Klapisch, etc...
Pierre Arditi, acteur incontournable de France Télévisions avec qui il a toujours développé de beaux et intéressants projets, a déclaré à Tele-2-semaines.fr :"On réalisera sûrement ce qu'on doit à Carolis et Duhamel une fois qu'ils seront virés et je regrette qu'on ne leur laisse pas plus de temps. Je serais président de la République, je ne les bougerais pas". Il a vraiment raison, mais surtout Sarkozy sortirait grandi en prenant cette décision, qui prouverait à tous qu'il fait passer la compétence avant ses griefs personnels ! On a le droit de rêver...
D'anciens membres du CSA répondent à l'appel comme Hervé Bourges et Jacques Boutet. À droite et au centre, peu de personnalités se sont manifestées. On compte tout de même Marielle de Sarnez (MoDem) et, sans surprise, Dominique de Villepin.
Ils appellent tous à ce que "ce mode de nomination soit supprimé et remplacé par une procédure qui garantisse l'indépendance des présidents de l'audiovisuel public et des sociétés qu'ils dirigent. À la télévision comme à la radio."
Justement, à la radio la question se pose aussi. C'est Nicolas Sarkozy qui a désigné Jean-Luc Hees à la tête de Radio France. Si ce dernier crie son indépendance, le cas Stéphane Guillon le met tout de même dans une drôle de position. Nicolas Sarkozy voudrait la tête de Guillon. Comment Hees ne pourrait pas être targué de complaisance envers le pouvoir si lui - ou Philippe Val, patron de France Inter - raye l'humoriste de la grille de rentrée ?
Celui qui prendra la suite de Patrick de Carolis devra sans doute faire face à ce soupçon permanent. Le nom du candidat, choisi par Nicolas Sarkozy, sera rendu public dans les semaines à venir !
A.D.