Pas facile de travailler dans le rap. Répression de plus en plus violente du cannabis, violents contrôles d'identité, stigmatisation du public et... traque du fisc. Pourtant, et jusqu'alors, l'évasion fiscale était plutôt du domaine de personnalités françaises plus "grand public", de Florent Pagny à Patrick Balkany. Avec l'argent généré par le showcase et le streaming - quand on est un artiste qui marche vraiment bien -, ces artistes avaient trouvé un moyen efficace pour être rémunérés, au lendemain de la mort du disque.
À force d'abuser sur ses déclarations, Niro s'est retrouvé dans le collimateur du fisc. Si on est loin de Booba ou Damso côté streams, ce sont les trop faibles revenus du rappeur qui ont alerté les autorités. Capital cite 78 394 euros de revenus entre 2010 et 2016, et son entreprise Bahri Noureddine (son vrai nom) n'a pas déposé de déclaration de revenus, ni de TVA. Pour ça, il avait déjà réglé une amende de 600 euros. Sa société censée commercialiser sa ligne de vêtements n'a pas non plus déposé ses comptes au greffe du tribunal de commerce. Niro n'a pas non plus fait dans la plus grande discrétion : d'après sa déclaration, il logeait toujours chez sa mère, dans un HLM de Blois (Loir-et-Cher).
26 concerts en deux années, deux disques de platine, 47 625 euros de droits d'auteur versé par la Sacem en trois ans, contrat publicitaire avec John Dalia... Niro avait des revenus bien plus élevés que ce qu'il avait déclaré à l'État. Le 16 octobre 2018, le fisc avait même organisé un raid surprise aux deux adresses de la déclaration de l'artiste : chez sa mère à Blois et chez sa compagne à Pontault-Combault. Un raid contesté par Niro, devant la cour d'appel de Paris.
Le fisc a finalement conclu que Niro avait "omis sciemment de satisfaire aux obligations fiscales". Niro, lui, avait bien essayé d'expliquer que les chiffres d'écoutes sur les plateformes de streaming et les vues YouTube "ne sont pas suffisants pour apporter la preuve que ces visionnages et ces écoutes en streaming génèrent des recettes". Mais la cour d'appel n'a rien voulu savoir.
Niro est donc obligé de se plier à un "important redressement", comme l'annonce Capital. Citant une source proche du rappeur, il serait en train d'essayer de trouver un accord sur ce montant.