Toujours sans nouvelles de son père Michael depuis son enlèvement vendredi dernier au Nigéria à la sortie de son travail à Jos, John Obi Mikel, international nigérian et joueur clé de l'effectif de Chelsea depuis 2006, est sorti de son silence pour implorer les ravisseurs de le relâcher.
Informé samedi du rapt de son père, patron d'une entreprise de transports, Obi Mikel, 24 ans, avait décidé de jouer malgré tout sous les couleurs des Blues le lendemain, dimanche 14 août, pour la reprise du championnat de Premier League, sur le terrain de Stoke City (0-0).
Courageux, soutenu par ses coéquipiers londoniens, Obi Mikel, dont le nom complet - John Michael Nchekwube Obinna - contient notamment des mots signifiant "espoir" et "coeur de père" en dialecte de l'ethnie igbo dont il est issu, a accusé le coup de blues ensuite. Et décidé de lançer un appel télévisé aux ravisseurs de son père, n'ayant reçu aucune demande de rançon.
"Quiconque détenant mon père ou sachant où il se trouve est prié de me contacter afin que, je l'espère, il puisse être libéré. C'est un vieil homme, qui n'a fait de mal à personne pour autant que je sache. J'ai toujours fait ce que j'ai pu pour aider mon pays de toutes les manières possibles, en jouant pour mon pays, en servant mon pays. Au tour de mon pays de m'aider à affronter cette épreuve. Nous sommes, mon frère et moi, toujours en état de choc, on n'arrive toujours pas à y croire, et on ne sait pas quoi faire. Normalement, Jos est une ville sûre et ce genre de choses y sont exceptionnelles. Ma famille y a passé toute sa vie, les kidnappeurs savent forcément qui est mon père et qui est son fils." Son fils, en l'occurrence, est le septième joueur africain le mieux payé du football européen, émargeant à près de 80 000 euros de salaire hebdomadaire.
Expliquant que c'est sa mère qui l'a poussé à jouer en dépit des circonstances le match de reprise de son équipe de Chelsea, il ajoute : "C'était très dur. L'entraîneur m'a demandé comment je me sentais, et j'ai dit queje ne voulais pas lâcher l'équipe, le club ni ma famille. Si je n'avais pas joué, je crois que cela aurait fait beaucoup de peine à ma mère. J'ai joué pour eux. J'ai parlé avec ma mère avant la rencontre, elle m'a dit d'être fort et de faire mon maximum pour être bon. Mes coéquipiers n'étaient pas vraiment au courant. Ma famille ne voulait pas que je sois au courant. Ils voulaient attendre la fin du match, mais mon entraîneur [Andre Villas-Boas, NDLR] devait me le dire, pour lui, il fallait que je sache."
Le père d'Obi Mikel a été porté disparu par sa famille vendredi soir ; la police mène l'enquête et a fortement dissuadé l'international nigérian de revenir à Jos. Plus inquiétant, aucune rançon n'a pour l'heure été exigée.
En 2008, le compatriote d'Obi Mikel Joseph Yobo, qui évolue également en Premier League, avait dû faire face à l'enlèvement de son frère aîné, Nornu, libéré dix jours plus tard sans qu'on sache si une rançon avait été versée aux ravisseurs. Les auteurs de kidnapping, qui visaient jusqu'alors les familles prospères de l'industrie pétrolière du Delta du Niger (le Nigéria est le 5e producteur d'or noir de l'OPEP, le 10e au niveau mondial), semblent désormais cibler les stars du ballon rond...