La Nouvelle-Zélande faisait ce matin ses adieux à sa légende Jonah Lomu, décédé à l'âge de 40 ans le 18 novembre dernier. Des hommages nationaux qui avaient lieu dans l'antre du rugby néo-zélandais, l'Eden Park d'Auckland. Entre chants traditionnels, émouvant haka et hommages du monde entier, Jonah Lomu s'en est allé, laissant derrière lui un immense vide au coeur de la société néo-zélandaise.
Point d'orgue de cette cérémonie publique de ce 30 novembre, le haka dans sa version Ka mate, exécuté par d'anciens joueurs All Black, parmi lesquels Buck Shelford, Tana Umaga, John Kirwan, Josh Kronfeld, ainsi que les équipes au grand complet des Blues et des Warriors d'Auckland. Un moment intense, alors que ces derniers faisaient face au cercueil de Jonah Lomu, porté par ses anciens partenaires et amis, Michael Jones, Frank Bunce, Joeli Vidiri et Jerome Kaino ainsi que par la star du rugby à XIII Manu Vatuvei.
Avant cet ultime hommage des Blacks, la cérémonie s'était déroulée dans le recueillement et les hommages, quelques jours après une première cérémonie familiale en présence de représentants de différentes communautés du Pacifique entourant l'épouse de Jonah Lomu, Nadene, et leurs enfants. Le cercueil du colosse qui révolutionna à lui seul le rugby fit son entrée sur la pelouse de l'Eden Park, antre mythique s'il en est des Blacks, témoin de ses exploits répétés tout au long de sa trop courte carrière, au son des chants de deuil mahori. Se succédèrent les danses traditionnelles, les haka de ses anciens camarades de classe et des membres de la tribu Ngāti Whātua, le Karanga et le Powhiri, avant que Nadene, son épouse en larmes entourée de leurs fils Brayley, 6 ans, et Dhyreille, 5 ans, portant des maillots floqués du numéro 11, celui de leur père, ne relâchent une vingtaine de colombes.
Un géant doux et bienveillant
Diffusée en direct sur les principales chaînes de Nouvelle-Zélande, la cérémonie a vu les personnalités se succéder sur l'estrade à côté du cercueil de l'ancien joueur, pour un hommage vibrant. Pour l'ancien entraîneur des Blacks, John Hart, l'Eden Park était le meilleur endroit "parce que c'est la maison spirituelle du rugby et un endroit que Jonah aimait tant". Et d'ajouter : "Jonah, tu étais un phénomène sur le terrain et un géant doux et bienveillant en dehors."
Un montage vidéo a également montré les personnalités du monde entier lui rendre hommage, de la reine Elizabeth II à Elton John en passant par David Beckham et Morgan Freeman. Son ancien coach au Wesley College Chris Grinter résuma son élève par un "trop fort, trop rapide, trop trop".
"C'est une icône du rugby, a pour sa part déclaré Bernard Lapasset, qui avait fait 18 000 km depuis la France pour être présent en tant que président de la World Rugby. Je me dois de représenter tous les fans que Jonah avait à travers la planète. Cet homme fantastique a fait passer au monde un très important message sur le rugby (...) Il terrifiait les défenseurs et enthousiasmait les spectateurs avec cette façon de courir avec le ballon qu'on n'avait jamais vue auparavant."
Tu vas nous manquer, le grand
Depuis la France, où il se trouve pour la COP 21, John Key, le Premier ministre néo-zélandais, a lui rendu hommage au seigneur qu'il était en toute circonstance, se souvenant de la défaite face au XV de France en demi-finale de la Coupe du monde de rugby, en 1999 : "Malgré sa profonde déception, Jonah était resté sur le terrain jusqu'à ce qu'il ait serré la main de la totalité des joueurs français. La plupart du temps, c'était aussi le dernier joueur à rester signer des autographes pour ses jeunes fans. Jonah était ainsi."
Eric Rush, ancien joueur de rugby à VII avec qui Jonah Lomu décrocha le titre de champion du monde en 2001, submergé par l'émotion, s'est souvenu lui de l'énorme appétit du géant et de son aversion pour l'entraînement. "Tu vas nous manquer, le grand. Repose en paix mon frère", concluait-il au cours d'une cérémonie intense, qui a mis un terme à l'hommage rendu par la nation à sa légende, avant une ultime cérémonie intime ce mardi pour un dernier adieu de sa famille.