C'est la double peine pour les parents de Peggy Koscinzuck, tuée à 36 ans par celui qui était à l'époque son compagnon, Rudy Pacault le 28 juillet 2011. Non seulement, ils sont face à la libération du tueur de leur enfant, mais ce dernier s'est installé à 5km du domicile de la famille de sa victime, dans le village de Frignicourt (Marne). La mère de Peggy, Françoise, et son mari, beau-père de la jeune femme décédée, Philippe, ont témoigné dans les colonnes du Parisien-Aujourd'hui en France. "Il a poignardé ma fille sous mes yeux. C'est insurmontable d'imaginer que je puisse le croiser à chaque fois que je vais faire mes courses", dira la maman éplorée. De son côté, l'avocat de l'accusé n'a pas souhaité réagir.
Françoise Algisi, épuisée psychologiquement n'en dormant plus la nuit, ne comprend pas comment le coupable peut refaire sa vie près du lieu du drame, sans parler des conditions de son jugement. Rudy a fait 13 mois en détention puis a été "libéré en attendant son procès aux assises qui n'aura finalement lieu qu'à la fin de l'année... 2021", précise le quotidien. Cette année-là, il est condamné à 15 ans de réclusion, mais fait appel. Il est libéré six mois plus tard de la maison d'arrêt de Reims, en juin 2022, en attendant la nouvelle audience.
Pour la mère de Peggy, savoir que le tueur continue sa vie, "sous prétexte qu'il peut justifier d'un travail et d'une adresse", est inconcevable alors qu'il a brisé la vie de sa fille, et la sienne. Son mari explique leurs angoisses : "Dès que j'entends une voiture passer dans l'allée, je me demande si c'est lui. Je ne cesse de regarder autour de moi quand je sors. La nuit du meurtre, il voulait nous tuer aussi. Je me dis qu'il a peut-être envie de finir ce qu'il a entrepris."
Le couple a été témoin du terrible drame. Une nuit d'horreur il y a onze ans mais dont le souvenir reste limpide. Tandis que les enfants de Peggy et Rudy dormaient à l'étage dans la maison de leurs grands-parents, le couple est revenue d'une soirée. Rudy a pris un couteau de cuisine et est monté à l'étage. "Je dormais à moitié mais j'avais conscience qu'ils étaient rentrés. J'ai entendu le tiroir de la cuisine s'ouvrir, jusque-là rien d'anormal. Puis des cris. J'ai reconnu la voix de Peggy", raconte le beau-père de la victime. Le couple a accouru dans la chambre, le tueur voulait s'en prendre à eux mais Peggy s'est interposée. Celui qui n'avait pas "l'air fou" d'après le récit des parents est ensuite descendu avec sa fille dans les bras. Elle avait 5 ans à l'époque. Les secours sont arrivés mais elle n'a pas survécu à ses blessures.
La fin dramatique d'un couple qui se fréquentait depuis quatorze ans, quand ils étaient adolescents. Selon les proches du couple, "il y avait des hauts et des bas, comme dans n'importe quelle relation, mais rien n'a jamais laissé présager que le père de famille puisse un jour en arriver là". L'homme avait une maîtresse, ont découvert les enquêteurs, et celle-ci se prénommait aussi Peggy et c'était chez elle que le couple avait dîné le soir du meurtre.
La famille de Peggy attend que la justice fasse son travail - trop lentement s'insurge leur avocat -, choquée que le meurtrier n'ait passé que dix-neuf mois en prison seulement en dix ans et puisse s'installer près de la maison où a eu lieu la tragédie, l'ordonnance restrictive l'empêche d'être à moins de 5km seulement. Le procès en appel doit avoir lieu d'ici la fin de l'année 2022.