Chacun de ses livres est un événement. Le 9 octobre, Philippe Djian sortait Chéri-Chéri (Ed. Gallimard), son vingt-septième roman. Sa nouvelle histoire ? Celle de Denis, un... écrivain justement, qui a la particularité de se travestir la nuit, devenant Denise. L'occasion pour de cet écrivain atypique dans le paysage littéraire français de répondre aux questions du magazine Têtu sur ce personnage complexe mais surtout sur son rapport à l'homosexualité, un sujet qui le touche personnellement...
Car Philippe Djian (65 ans) est l'aîné de trois frères, dont l'un est homosexuel. Il s'appelle Marc et introduit en quelque sorte le livre Criminels. "Marc est mon frère et j'ai du mal à l'imaginer en train de se faire enc****", pouvait-on ainsi lire dans cet ouvrage sorti en 1997. Explications ? "Ce roman ne pouvait pas débuter autrement, dit l'écrivain catalogué "rock". J'assume d'autant plus cette première phrase que mon frère et homosexuel, et je l'aime." L'auteur de Oh... (2012), dans lequel il se mettait dans la peau d'une femme, "avoue" sans gêne avoir toutefois "peiné" à "représenter" la situation. Une question qu'il ne s'était sûrement pas posée pour les nombreux homosexuels qu'il compte parmi ses amis.
L'auteur de 37°2 le matin se serait-il vu à la place de son frère ? Pas vraiment. "J'ai une femme [Année, en réalité Anne-Marie, la mère de ses trois enfants, NDLR], j'adore la compagnie des femmes et, à vrai dire, je m'emmerde souvent avec les mecs. Le côté ambiance de vestiaires, ça me fait chier. Bref, je sais que je ne suis pas homo", confie l'écrivain, auteur de chansons pour Stephan Eicher. Romancier longtemps plus apprécié - comme beaucoup - par le public que par les critiques parfois irritées par son style iconoclaste, il fait toutefois preuve d'une remarquable et sage ouverture d'esprit. "Mais on ne doit jamais dire : 'Fontaine, je ne boirai pas de ton eau'...", conclut-il. On guettera l'introduction de son prochain livre...