"Tout ça pour ça !" Accusé de vol et de recel d'abus de confiance par le Cercle des nageurs de Melun-Val de Seine, Philippe Lucas croyait en avoir fini avec cette affaire. Sauf que le parquet de Melun (Seine-et-Marne) vient de faire appel de sa relaxe, tombée il y a quelques semaines seulement, après cinq ans de procédure. L'ex-entraîneur de Laure Manaudou sera donc de nouveau jugé au côté de sa co-prévenue, la trésorière du club âgée de 92 ans.
L'affaire débute en 2007 quand la nouvelle direction du Cercle des nageurs de Melun-Val de Seine (CNMVS) dépose trois plaintes contre X. Elle vient en effet de découvrir des irrégularités présumées dans les comptes, de 2001 à 2006, période pendant laquelle Philippe Lucas était entraîneur au club et son père Jean, président. Mis en examen un an plus tard, le coach aujourd'hui basé à Narbonne avait nié les faits devant les juges.
Philippe Lucas avait notamment expliqué que les deux chèques de 25 000 euros qu'il aurait volés selon la direction du CNMVS correspondaient à des "primes de résultat pour les Jeux olympiques de 2004" à Athènes, "validées par le bureau du club". Laure Manaudou, pensionnaire du CNMVS, avait en effet décroché trois médailles olympiques (médaille d'or sur 400 mètres nage libre, argent sur 800 mètres nage libre et bronze sur 100 mètres dos). Également accusé d'avoir volé du matériel de musculation, il affirmait l'avoir rendu.
Jugé en décembre 2013 dans le cadre d'une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), communément appelée le "plaider-coupable", Philippe Lucas avait finalement refusé sa peine, une amende de 30 000 euros. L'affaire renvoyée en correctionnelle, le tribunal l'avait toutefois relaxé le 12 mai dernier - tout comme sa co-prévenue -, évoquant des incertitudes sur la nature et la propriété exacte des objets concernés ainsi que la mauvaise tenue des registres du club, alors que le parquet avait requis quatre mois de prison avec sursis contre l'éphémère chroniqueur de Touche pas à mon poste. "On ne veut pas qu'il soit dit qu'on a fait cinq ans d'instruction pour rien", a regretté l'avocat du coach, Me Frédéric Picard, qui dénonce l'"attitude très offensive" du parquet.