Aucune discipline sportive n'est épargnée par les affaires de viols. Aujourd'hui, le nom de Pierre-Charles Boudot se retrouve cité dans une enquête pour viol ouverte il y a un an.
Celle-ci a débuté après qu'une jeune femme a accusé le jockey 27 ans de l'avoir agressée sexuellement en 1995. L'affaire est dévoilée au grand jour ce 30 janvier 2020 parce que Pierre-Charles Boudot a été confronté à son accusatrice, une jockey amatrice de 26 ans, à la gendarmerie de Chantilly. Selon une source proche du dossier, sur laquelle s'appuie l'AFP, cette confrontation a été organisée à la demande d'un juge d'instruction de Senlis (Oise).
Marie [prénom d'emprunt, NDLR], une fille d'éleveur de chevaux, a dénoncé à la justice des faits survenus dans la nuit du 18 au 19 août 2015, en marge d'une course hippique à Deauville. "Marie a décidé de porter plainte pour guérir et protéger les autres, d'autres victimes vont peut-être se lever à leur tour", a déclaré son avocat, Me Alexandre Varaut, joint par l'AFP.
Pour la défense du jockey en revanche, M. Boudot "fait l'objet d'une vengeance amoureuse". Confronté en audition libre et non en garde à vue, "il a fait le choix de s'expliquer parce qu'il n'a strictement rien à se reprocher", a réagi Me Florence Gaudillière auprès de l'AFP.
Dans sa plainte, déposée en octobre 2018 et dont l'AFP a eu connaissance, la jeune femme raconte s'être rendue en boîte de nuit le soir des faits et y avoir retrouvé le jockey, dont elle repoussait les avances depuis plusieurs mois. "Un ami de Pierre-Charles Boudot m'a proposé une coupe de champagne que j'ai bue", raconte-t-elle, rapportant avoir eu ensuite plusieurs pertes de mémoire : "Je me sentais dans les vapes." Quand elle reprend conscience, elle est dans la voiture du jockey qui l'embrasse et lui impose, selon elle, une pénétration digitale. À ce moment-là, "j'étais droguée, j'étais comme une automate". Le cavalier la ramène dans son logement. Allongée sur le canapé, elle refuse de le suivre dans la chambre – "Je lui dis non à plusieurs reprises" – et dit alors subi, passive, un rapport sexuel. "Je me rends compte de ce qu'il se passe, mais j'ai l'impression d'être à l'extérieur de moi et de regarder la scène", se souvient-elle. Elle affirme avoir envoyé un message à une amie le lendemain, évoquant son impression d'avoir été droguée.
Affectée dans sa santé et sa vie amoureuse, la jeune femme se décide à en parler à des proches et à une psychologue, "après un an et demi, deux ans de déni". Aux enquêteurs, elle explique : "Je ne le fais pas dans un esprit de vengeance. (...) Il ne s'imagine pas les conséquences qu'il y a pu avoir sur moi et peut-être sur les autres. S'il y a d'autres filles à qui ça a pu arriver, je ne veux pas laisser faire ça impunément."
Originaire de Saône-et-Loire, "PC", comme le surnomme le milieu du turf, est le fils d'éleveurs de pur-sang d'obstacle. Avant de remporter le Prix de l'Arc de Triomphe cet automne, véritable championnat du monde du galop, il a obtenu deux Cravaches d'or (récompense pour avoir gagné le plus de courses dans l'année en France) en 2015 et 2016, battant cette année-là un record d'Europe avec 300 victoires.
Pierre-Charles Boudot reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement de l'affaire.