La comédie française pas assez mise à l'honneur dans le monde du septième art ? Une remarque récurrente à laquelle la Cinémathèque française répond avec une rétrospective de la carrière de Pierre Richard, personnage lunaire et poétique qui a fait les beaux jours du cinéma dans les années 1970 et 1980. Ce mercredi 6 avril dans l'enceinte de l'établissement cinéphile, il a présenté sa réalisation, Le Distrait, sortie en 1970, inaugurant les festivités avec enthousiasme.
Après avoir été présenté à travers une compilation de ses scènes mythiques au cinéma, Pierre Richard (81 ans) est entré sur la scène de la salle Henri-Langlois de la Cinémathèque. Il ne faut pas longtemps pour que son public lui offre une émouvante standing ovation. Le "Grand Blond" arbore désormais une chevelure argentée, mais sa voix, vive et passionnée, est toujours la même. Quand on l'applaudit pour ses quatre décennies au cinéma, il répond : "Ça fait 40 ans que je suis en vacances !" Hommage à Danny Kay, star de son adolescence qui lui a donné le goût du cinéma, il déclare : "Si je n'avais pas vu son film en faisant l'école buissonnière, je ne serais peut-être pas là." Il se souvient alors du jour où, trente ans plus tard, aux États-Unis pour une projection d'un de ses films, il est félicité par... la fille de son icône. Après avoir rendu hommage à Yves Robert, il confie à la salle ce que le réalisateur lui avait dit : "Tu n'as aucune place dans le cinéma français. Crée-toi ton personnage !" Dans le long métrage qui ouvre sa "rétro", il excelle dans ses chorégraphies maladroites, un talent qu'il explique ainsi : "Ce que je fais de mieux, c'est ce qui m'échappe."
Au-delà de la poésie et l'humour de ses films, Pierre Richard a également offert son point de vue sur la société de consommation avec Le Distrait. Il est à la fois un personnage burlesque, digne héritier de Chaplin, Keaton et Tati, et un critique de ce monde d'après-guerre envahi, entre autres, par la publicité. Une projection à laquelle le couple Macha Méril et Michel Legrand, Eric Judor et Jane Birkin ont assisté. L'actrice et chanteuse avait tourné avec lui, notamment dans la réalisation de Claude Zidi La moutarde me monte au nez. Dans son autobiographie Je sais rien mais je dirai tout, Pierre Richard avait évoqué leur collaboration avec beaucoup de tendresse : "Elle était aussi drôle que belle. C'est peu dire. Elle était totalement disponible, elle acceptait qu'on lui tire les cheveux, qu'on la balance dans la boue, elle n'avait jamais peur du ridicule." Avant de confier qu'il avait "toujours une grande affection pour elle" et de conclure ainsi : "J'ai oublié de le signaler : en plus de tout ce que je viens de dire sur Jane, qu'est-ce qu'elle était émouvante !"
Samya Yakoubaly
Rétrospective Pierre Richard à la Cinémathèque française du 6 au 27 avril 2016
À noter :
Soirée Pierre Richard vs Gérard Depardieu
Vendredi 8 avril 2016, 19h – Salle Henri-Langlois
La Chèvre / Dialogue avec Pierre Richard
Samedi 9 avril 2016, 14h30 – Salle Henri-Langlois