Sud-Africaine de naissance et de coeur, la princesse Charlene de Monaco, qui prend soin d'entretenir son lien très fort avec son pays d'origine malgré sa vie d'altesse monégasque depuis 2011, a ressenti de manière très personnelle l'annonce de la mort de Nelson Mandela, le 5 décembre 2013. Le jour même de la disparition de l'icône de la lutte anti-apartheid, elle assistait d'ailleurs à une représentation au Grimaldi Forum du Soweto Gospel Choir, chorale sud-africaine mondialement réputée que parraine son ami l'Archevêque Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix.
C'est par le biais d'un communiqué conjoint avec son époux le prince Albert II de Monaco et diffusé par le palais que la princesse Charlene a fait part de son "immense tristesse" d'avoir perdu "un exemple, un symbole de la réconciliation, un grand homme qui a su, grâce à son courage, son abnégation et sa générosité changer le cours de l'Histoire et faire de sa vie un combat pour la justice et le respect de la dignité humaine". Albert et Charlene avaient eu plusieurs occasions de rencontrer le valeureux "combattant de la liberté" et ont souhaité qu'une messe à sa mémoire soit prochainement célébrée en principauté de Monaco. La princesse n'a pas attendu pour se recueillir en hommage à Madiba, s'envolant vers l'Afrique du Sud pour prendre part, en toute discrétion et à l'écart des autres officiels, en enfant du pays, aux célébrations organisées mardi 10 décembre au FNB Stadium de Johannesburg dans le quartier de Soweto. Le prince Albert doit la rejoindre ultérieurement pour assister aux funérailles nationales prévues le 15 décembre à Qunu.
Trois jours avant le décès de Nelson Mandela, la princesse Charlene de Monaco évoquait le 2 décembre toute l'admiration qu'elle vouait à l'ancien président sud-africain lors d'un entretien en tête-à-tête avec Cyril Viguier. Si l'ex-nageuse de haut niveau n'a rien contre une soirée boxe de temps à autre, ce ne sont pas les talents de champion de free fight de Cyril Viguier qui l'ont incitée à répondre à ses questions, mais bien plus ses qualités de producteur, d'intervieweur, et même, en l'espèce de documentariste et de "portraitiste". En point d'orgue au bouclage de son documentaire unitaire de 110 minutes baptisé Monaco, les coulisses du Rocher, fruit de mois de travail dans les veines mêmes de la principauté que le public pourra découvrir le vendredi 27 décembre et le samedi 4 janvier sur France 3, Cyril Viguier rencontrait la princesse Charlene pour une conversation "sans aucune restriction dans un climat de confiance".
"Nous n'avions pas de drapeau, nous n'avions pas de nation, mais nous avions Nelson Mandela" (Princesse Charlene de Monaco)
Dans les colonnes de Monaco-Matin, le producteur, qui est allé le plus loin possible dans sa démarche visant à présenter le Rocher sous un autre angle, en passant dans l'envers du décor, livre quelques impressions et confidences sur cette conversation privilégiée. "Elle m'a confié l'immense admiration qu'elle éprouvait pour lui [Nelson Mandela], raconte Cyril Viguier à propos du moment où la discussion a touché à la figure de Madiba. Elle m'a semblé profondément sincère, d'autant plus qu'au moment de cet entretien, Nelson Mandela était toujours vivant. Elle m'a expliqué que pour les personnes de sa génération, l'Afrique du Sud était un pays disloqué. Elle a prononcé cette phrase : " Nous n'avions pas de drapeau, nous n'avions pas de nation, mais nous avions Nelson Mandela." Elle m'a raconté comment il était parvenu à unir le pays, notamment à travers le sport. Elle a fait preuve d'un très grand respect, chargé d'émotion."
Il faut avouer que la princesse Charlene de Monaco, sans savoir la funeste nouvelle qui arriverait 72 heures plus tard, avait de quoi être effusive : Cyril Viguier venait de lui offrir un livre que lui avait dédicacé en 1997, au cours d'un entretien de trois heures, le leader sud-africain. "Nelson Mandela m'avait dédicacé deux livres, l'un de manière personnelle et l'autre en apposant juste sa signature. J'ai souhaité donner ce dernier à la princesse Charlène afin qu'il puisse servir à sa fondation. Elle en a été touchée", détaille Cyril Viguier. Et d'observer, avec une considération palpable, au sujet de Charlene et de son entrée déterminée sur la scène philanthropique depuis un an : "Elle m'a dit que l'action de Nelson Mandela l'avait beaucoup inspirée dans la mise en oeuvre de sa fondation. Elle cherche avant tout à être utile aux autres, à servir, un mot qu'elle a répété plusieurs fois. Et pour cela, elle n'hésite pas à se rendre sur le terrain, comme à la fin de l'été lorsqu'elle a donné des leçons de natation aux enfants à Capbreton."
Une rencontre de toute évidence marquante, qui en appelle d'autres. D'ailleurs, Cyril Viguier, qui a appris à aimer le Monaco méconnu du grand public et a pu compter sur des intervenants d'exception (des "passeurs") dans sa plongée dans l'envers du décor (Paul Belmondo pour le Grand Prix, Caterina Murino pour les mondanités, etc.), n'exclut pas la possibilité de mettre en lumière la princesse Charlene, largement méconnue elle aussi : "Je trouve qu'on ne la connaît pas suffisamment. Elle est un atout formidable pour la Principauté. J'aimerais beaucoup lui consacrer un film pour montrer sa véritable personnalité." On prend note.